Le magazine des maires et présidents d'intercommunalité
Maires de France


01/11/2019
Entretien

"Dans les zones rurales, le débit moyen double entre 2018-2019"

Sébastien Soriano, le président de l'Arcep invite les maires à être "architectes de la couverture mobile de leur territoire" pour lutter contre les zones blanches.

Ludovic GALTIER
Illustration
Sébastien soriano, président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (Arcep)
Lstrong>Les objectifs de couverture numérique du territoire seront-ils tenus ? 
L’ensemble des engagements, ambitieux et faisables ont été pris sous le sceau de l’Arcep. On voit, de manière macroscopique, une forte mobilisation de l’investissement dans notre pays (+ 40 % en quatre ans). Les opérateurs sont  bien engagés dans les chantiers de construction des infrastructures (NDLR : 1,13 million de prises déployées au 2e trimestre 2019). 
Il n’y a pas lieu de préjuger d’un éventuel retard ou d’un éventuel respect des échéances avant qu’elles ne soient passées. 
En zone Amii (1), Orange (2 978 communes) et SFR (641 communes) ont respectivement couvert 55 % et 44 % de leur périmètre. La route paraît encore longue…
Lorsque nous publions les chiffres de déploiement de la fibre, on rappelle l’importance pour les opérateurs d’amplifier leur mobilisation. D’ailleurs, les mots (enquête, procédure de sanction) peuvent donner l’impression que l’Arcep (2) se fâche mais c’est un simple suivi qui s’imposera tant que l’on n’y sera pas. Je suis toutefois raisonnablement confiant sur le fait qu’Orange et SFR s’organisent pour être au rendez-vous. 

La zone qui suscite le plus de défiance chez les élus locaux est celle des Amel. Pouvez-vous les rassurer ?
Les appels à manifestation ­d’engagements locaux (Amel) ne sont pas un réseau d’initiative publique (Rip). Ils n’amènent pas les mêmes garanties qu’un Rip en matière de propriété publique et de contrôle des échéances. Nous avons veillé toutefois à ce que les Amel ne puissent pas se faire sans l’accord des collectivités et des porteurs de projets des Rip. 
Nous sommes très vigilants sur le niveau d’exigence de manière à ce que l’on n’ait pas dans ces zones une couverture au rabais. On se situe bien dans un objectif 100 % Ftth (« Fibre optique jusqu’au domicile »). 

Sur le mobile, qu’en est-il du déploiement de la 4G en France ?
On assiste à un déploiement massif. La France est passée de lanterne rouge en Europe à milieu de tableau. Dans les zones rurales, le débit moyen double entre 2018 et 2019 (+ 50 % en France entière). Depuis le lancement du New Deal, la couverture du territoire par les quatre opérateurs est passée de 45 à 67 %.

Le dispositif de couverture ciblée tient-il ses promesses ?
Les premiers arrêtés, adoptés en juillet 2018, accordent un délai de deux ans aux opérateurs pour mettre en service un site. Les sites en cours de construction ne sont pas encore une réalité pour les administrés. Une fois que l’on aura passé cette impression de faux-plat, à partir du premier semestre 2020, on aura une avancée continue : 500 à 800 sites par an vont changer la vie des habitants de ces villages. 

Ce dispositif est piloté par des équipes projets locales à la tête desquelles on retrouve des élus locaux. Quel message leur adressez-vous ? 
Ce n’est plus Paris qui décide ce qu’est une zone blanche, ce sont les territoires. Je les invite à être les architectes de la couverture mobile de leur territoire. Dans les comités de concertation, leur responsabilité est d’organiser un dialogue avec les administrés, et entre eux aussi pour hiérarchiser les priorités.

Des élus demandent davantage de transparence des opérateurs… 
Parfois, on peut, il est vrai, identifier un trou de couverture mais un opérateur peut avoir un projet pour les couvrir. Certains opérateurs commencent à partager des informations de déploiement ­prévisionnel mais nous souhaitons poser un cadre légal sur ce sujet : cela fera partie des obligations des opérateurs dans les ­attributions 5G.

Onze projets se sont vus attribuer des fréquences 5G. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Ils vont pouvoir installer des réseaux. Derrière, c’est l’Internet des objets, la ville intelligente, l’industrie 4.0, le véhicule connecté qui vont être testés. Nous avons prévu une généralisation de la 5G avec un jalon en 2025. Il est prévu qu’un quart des sites qui seront déployés dans le cadre des obligations de couverture en 5G se situent dans des zones rurales ou des territoires d’industrie. 
 


(1) Appel à manifestation d’intention d’investissement. (2) www.arcep.fr/ 
NDLR : «L’accompagnement numérique des citoyens : une responsabilité croissante pour les communes » sera le thème d’un forum organisé le 20 novembre lors du Congrès de l’AMF. www.amf.asso.fr (rubrique 102e Congrès).
 

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