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Maires de France
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06/12/2022
104e Congrès de l'AMF 2022 AMF Environnement Sécurité - sécurité civile

Risques : prendre conscience pour mieux agir

Potentiellement tous exposés à une situation de crise, les maires étaient invités à échanger, le 23 novembre, autour du thème « Gestion des risques et des crises : des maires mobilisés et responsables ».

Par Christophe Robert
Illustration
© Victoria Viennet
Des inondations aux cyclones en passant par les mouvements sismiques, le phénomène de retrait-gonflement des argiles mais aussi la présence d’installations classées sur un territoire, les situations à risques sont aujourd’hui multiples dans les communes de l’Hexagone et des Outre-mer. Et les conséquences du dérèglement climatique contribuent à les rendre plus structurelles, plus violentes et plus fréquentes. Avec notamment des conséquences sensibles sur les dispositifs assurantiels, comme l’ont rappelé Fanny Arav et François-Xavier Brunet, membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et auteurs du rapport Climat, cyber, pandémie : le modèle assurantiel français au défi des risques systémiques, lors du forum du 23 novembre.

En pratique, la gestion des risques et des crises comporte plusieurs étapes. En amont, une première phase de prévention, mais aussi de collecte des connaissances, de préparation, de mobilisation, de planification et de sensibilisation de la population. Ensuite, la gestion de la crise en elle-même, dont il faut comprendre les raisons et contenir les effets pour protéger les populations et les biens. Vient enfin la phase post-crise, celle des réparations, de la reconstruction et des relocalisations éventuelles.
 

Retours d’expérience et prévention

En ce domaine, comme dans bien d’autres, «quand tout va mal, c’est le maire que l’on vient voir », a témoigné Éric Menassi, maire de Trèbes (11), commune durement frappée par des inondations d’une ampleur inédite en 2018 (et un attentat terroriste cette même année).

« Il y a ceux qui ont déjà été frappés et ceux qui vont l’être », a souligné Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule (06), autre commune sinistrée par des inondations en décembre 2015.

Ces deux élus coprésident le groupe de travail sur la gestion des risques et des crises, créé cette année par l’AMF, qui présentera, en 2023, une feuille de route pour sensibiliser les élus et les accompagner afin de leur permettre de faire face à leurs obligations.

  • Retrouvez l'interview de Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule (06), co-président du groupe de travail AMF sur la gestion des risques, réalisée par Maire info, ci-dessous :


Conseillère d’État, présidente fondatrice du Comité 21, Bettina Laville en est aujourd’hui convaincue : «Il y a une reconsidération du risque qui doit être aujourd’hui considéré comme constant », a-t-elle estimé. L’occasion d’insister sur l’importance des efforts à faire en matière de formation des élus mais aussi des personnels communaux sur le sujet.

Historiquement confrontées à des phénomènes cycloniques, les Antilles ont su tirer des leçons de leur expérience pour mettre en place des dispositifs adaptés. À l’instar de la commune du Lamentin, dans l’île de Basse-Terre en Guadeloupe.

« Avoir vécu la réalité d’un risque permet de mieux le prévenir », a expliqué Judith Laborieux, adjointe au maire du Lamentin, qui insiste sur la nécessité d’entretenir, notamment auprès des jeunes générations, «la mémoire du risque ». La mise en place de réserves communales de sécurité civile fait ainsi aujourd’hui partie des moyens mis en œuvre pour sensibiliser mais aussi agir en s’appuyant sur un réseau de citoyens bénévoles.
 

Donner aux élus les moyens d’agir

La prévention invite encore à changer de paradigme en matière d’aménagement urbain. «Le véritable risque serait de continuer à se couper de la nature », a expliqué Éric Daniel-Lacombe, architecte. «Autrefois, nous étions convaincus qu’il fallait endiguer les cours d’eau. On sait aujourd’hui que c’était une hérésie car il nous faut faire avec », a confirmé Éric Ménassi.

Selon Éric Daniel-Lacombe, «l’architecture est une façon de s’occuper d’espaces meurtris ou qui ont vocation à l’être ». Cette conviction lui a notamment permis d’imaginer des espaces urbains aménagés non plus sous l’angle unique de «l’étanchéité et de la solidité » des matériaux mais aussi en prenant en compte l’écoulement nécessaire des eaux en cas de crue.

Reste que les maires appellent aussi de leurs vœux une simplification des textes et des procédures. Regrettant les trop nombreuses «injonctions paradoxales » qui s’imposent à eux (construire plus de logements, limiter les constructions au nom de la préservation de l’environnement et du zéro artificialisation nette…), Sébastien Leroy a souligné la nécessité d’évoluer sur le sujet en respectant «un principe de subsidiarité qui tienne compte des spécificités locales ».

« Responsables, on l’est déjà. Encore faut-il nous laisser les moyens d’agir ! », a-t-il demandé. Un point de vue partagé par Eric Ménassi, pour qui «chaque territoire ayant ses spécificités, on ne peut se contenter de dupliquer les dispositifs ».

Pour l’heure, l’amélioration de la connaissance et de la prévention des risques s’impose d’autant plus que ceux-ci seront de plus en plus nombreux à l’avenir. Une démarche placée sous un nouveau triptyque «prise de conscience, humilité et agilité » au sein duquel «c’est bien le maire qui doit être le garant des liens de confiance », a conclu Olivier Peverelli, maire du Teil (07).

  • Retrouvez l'intégralité du débat, ci-dessous :

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