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Maires de France


01/05/2019
Environnement

La luzerne, au cœur du projet de développement de la Haute Côte-d'Or

Le CTE structure autour de cette plante une véritable filière au profit de l'emploi, de formations et de la production d'énergies renouvelables.

Martine KIS
Illustration
Didier Robin, président de l'usine de déshydratation de Baigneux-les-Juifs, et Jérémie Brigand, président du Pays châtillonnais.
Bâtir un projet de territoire sur la luzerne, cette ancienne plante fourragère, est-ce bien sérieux ? C’est pourtant le pari lancé par les communautés de communes du Montbardois et du Pays du châtillonais en Côte-d’Or. Une coopérative de déshydratation y réunit, depuis les années 1970, 350 agriculteurs indépendants. Lorsque les élus entendent parler de l’expérimentation des contrats de transition écologique (CTE), ils se lancent afin de renforcer l’attractivité du territoire, en développant une économie autour de la luzerne. « Au départ, j’étais sceptique, reconnaît Jérémie Brigand, président du Pays châtillonais. Mais au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de contrainte. » Pendant six mois, le dossier de candidature est préparé avec l’aide des services de l’État et des acteurs du territoire. Au final, huit opérations sont adoptées en décembre 2018, chacune s’appuyant ou découlant d’une autre. Ainsi, deux méthaniseurs permettront de transformer les déchets de luzerne en énergie. 

Vers des produits agricoles locaux 
Au profit du climat, de l’emploi et des revenus des agriculteurs. Deux filières de formation aux métiers de la méthanisation seront ouvertes à la rentrée prochaine dans deux établissements, une opportunité pour les jeunes de la région. Afin de préserver la ressource en eau, les zones de captage pourront être mises en culture avec la luzerne, plante ne demandant pratiquement pas d’intrants. Avec, à la clé, une source d’économie pour la collectivité et une hausse de la production pour les agriculteurs. Le lait des vaches alimentées à la luzerne est plus abondant et de meilleure qualité, ce qui, outre une plus-value pour les producteurs laitiers, permettra de développer une filière de produits agro-alimentaires locaux. Un producteur de beurre pourrait venir s’installer. « Le CTE change l’image des agriculteurs. Il nous a permis de nous rapprocher des politiques, des habitants, des lycées », apprécie Didier Robin, agriculteur à Baigneux-les-Juifs. Jusqu’aux lycéens du Montbardois qui ont été interrogés sur leur vision du territoire à trente ans. 
« La liste des projets peut évoluer », précise Jérémie Brigand qui apprécie la souplesse du dispositif. Le CTE de la Haute Côte-d’Or a été signé le 
17 décembre 2018. Le travail se poursuit avec la constitution de dossiers précis pour chaque projet, étude de marché, faisabilité, recherche de financements. Didier Robin espère ainsi obtenir 40 % de subvention pour créer une deuxième ligne de séchage de la luzerne, ce qui permettrait d’en augmenter la production. «Comme élu, je vois qu’on ne peut continuer comme il y a quarante ans ! Nous avons engagé un PCAET. Habitants, agriculteurs, élus, nous apportons notre modeste pierre à l’édifice. Avec le CTE, j’ai le sentiment de faire de l’écologie positive, bonne pour la planète et génératrice d’emplois ».           

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°368 - Mai 2019
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