L'actu
02/12/2021
Synthèse du 103e Congrès

Participation citoyenne : co-construire avec les habitants, un atout pour le territoire

Les communes sont le premier échelon de proximité démocratique. Le Forum sur la participation citoyenne du 18 novembre 2021 au 103e Congrès de l'AMF a posé des jalons sur la façon de construire et animer une démarche de démocratie participative efficace.

103e Congrès des maires de France, Forum: "Co-construire avec les habitants : un atout pour le territoire"
De plus en plus de citoyens souhaitent participer plus activement à la vie de la Cité, sans pour autant s’engager au travers d’un mandat local. Compréhension des enjeux, amélioration et acceptabilité des projets et des priorisations, information facilitée, lien social et inclusion, confiance renforcée : les bénéfices de la concertation sont nombreux. Mais comment construire et animer une politique de démocratie participative efficace :  c’était l’objet du Forum organisé le 18 novembre 2021. 

La rencontre a fait la part belle à des exemples de villes locomotives en la matière, qui irriguent la politique municipale par de la participation citoyenne. «Il ne me semble pas possible aujourd’hui de piloter une ville sans s’organiser avec les habitants », constate Etienne Lengereau, maire de Montrouge (Hauts-de-Seine). Parmi les expériences présentées : Kingersheim (Haut-Rhin), ville laboratoire de la démocratie participative depuis plus de 30 ans. Son maire, Laurent Riche évoque la «pratique d’une démocratie exigeante » : interactive, «lente » (au sens de «prendre le temps », malgré le diktat du temps court et de l’immédiateté qui caractérise notre société), «édifiante ». Pour lui, la démocratie participative n’a pas vocation à s’opposer ou se substituer à la démocratie de représentation : «les élus sont là pour décider, clarifie-t-il. Mais le travail en amont enrichit la délibération, elle est plus facile à prendre et à mettre en œuvre ». 

Mettre «du contrat dans la méthode »

L’expérience de Kingersheim a des clés de voute : tous les projets et actions mis en participation, mettre «du contrat dans la méthode », des règles du jeu claires et un «périmètre démocratique » posé systématiquement au départ de la séquence (« de quoi on débat et comment »), donner des repères (travailler toujours de la même manière), miser sur des temps forts pour susciter le désir de participation. Et point capital : se doter d’une ingénierie et de moyens. 

« Quand on n’a pas d’argent, on compte sur les gens », témoigne Mohamed Gnabaly, maire de l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis),. «A l’Ile-Saint-Denis, nous avons sorti l’intérêt général de l’hôtel de ville pour le poser sur la place publique : c’est l’affaire de tous. La pierre angulaire de l’action municipale est de créer des boîtes à outils pour que les habitants s’en emparent ». 

Aux élus de se repositionner

Il ajoute qu’il faut «prendre ses responsabilités en tant que maire, derrière ». La démarche demande en effet aux élus de se repositionner dans un rôle différent de celui qu’ils connaissent. «C’est un autre rapport au pouvoir, il s’agit d’avoir plus d’humilité, de savoir se mettre à l’écoute, de ne pas penser qu’on sait tout, expose Laurent Riche. Je me vois “maire animateur” plus que “maire bâtisseur”. On ne perd pas le leadership là-dedans, au contraire. Et c’est plus valorisant. » Mohamed Gnabaly, lui, se décrit comme un «maire créateur de liens ». Il met en exergue le besoin de diffuser cette culture, chez les élus bien sûr, mais jusque dans les services municipaux, souvent ancrés dans les anciennes méthodes. 

Un exemple inspirant est venu de Guyane. Jean-Paul Ferreira, maire d’Awala-Yalimapo, a exposé la spécificité de ce territoire dont la population est à majorité amérindienne, et où il existe une autorité coutumière, la chefferie. Une commission mixte réunit des élus et des représentants de la communauté. Ce contexte atypique conduit à mixer des perceptions différentes (« vision pragmatique versus vision empirique », comme l’a souligné l’élu) sur les évènements et les évolutions du territoire (érosion littorale, impact du changement climatique…), d’exprimer les besoins de la population, d’avancer par le dialogue, de tracer un chemin pour une action publique vraiment en adéquation avec la réalité territoriale.

Changement de paradigme

Enfin, l’exemple de Combs-la-Ville a apporté un éclairage sur l’organisation ancienne, volontaire (commune de 22 000 habitants, donc non soumise à obligation en la matière) de conseils de quartier, devenus force de proposition et de sélection de projets. «Quand on n’est pas obligé de faire, on est libre du contenu que l’on y met et de la stratégie que l’on développe  », décrit le maire, Guy Geoffroy, président de l’association des maires de Seine-et-Marne. 

Sébastien Maire, délégué général de France Ville durable, a ensuite présenté cette association apportant des ressources et valorisant les projets exemplaires de la ville durable. Il a relevé qu’au cours des échanges «chacun a évoqué le changement de paradigme, ainsi que la transition écologique, sujet présent dans chaque prise de parole et formidable moteur de conduite du changement à l’intérieur de la collectivité ».

Budgets participatifs
Antoine Bezard, fondateur du site lesbudgetsparticipatifs.fr a évoqué l’engouement pour cet outil qui ne concerne plus uniquement les grandes villes, et dont le modèle évolue. Il fait l’objet chaque année d’une enquête nationale publiée par l’Institut Jean Jaurès. Alors qu’en 2014, il n’existait que six budgets participatifs, il y en avait 170 en 2020, et maintenant 350 à 400. «Soit un mouvement de doublement annuel », observe Antoine Bezard. Il pointe quelques éléments clés : la nécessité d’une organisation ad hoc, une notion de démocratie quasi-directe (le vote), le challenge «d’emmener les services » qui ne se «décrète pas », l’enjeu de la mise en œuvre concrète des projets derrière …

Retrouvez la vidéo du forum: 

Fabienne Nedey
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