L’affluence des réponses, comme les auditions menées par les deux élus, montrent bien qu’elles soulèvent un intérêt très fort des maires : «C’est une vraie politique de ruralité, il y a certes les incitations fiscales [qui leur sont liées] mais aussi les majorations de dotation de solidarité rurale (DSR), d’autres avantages comme des subventions des agences de l’eau », souligne Ludovic Rochette. Il y a en outre des fonds spécifiques gérés par les chambres de commerce et d’industrie, l’ouverture de pharmacies… En tout, plus de 22 mesures nationales seront adossées aux ZRR. Tous les élus ne les connaissent pas et ne les maîtrisent pas forcément.
« Ce qui nous a sauté aux yeux, c’est l’écart, d’une commune à l’autre, en termes de connaissance des différentes mesures », explique Ludovic Rochette. «Malgré les efforts des associations départementales de maires, de l’AMF, de l’État, c’est très compliqué de transmettre les informations et une certaine culture des ZRR. » Pour lui, la refonte du dispositif doit permettre d’élargir encore leur objet, par exemple sur la «question fondamentale de l’habitat » ou les mobilités. Surtout, la répartition des ZRR dans tout le pays doit assurer leur dimension d’aménagement du territoire : «Elles doivent aider les espaces les plus fragiles sans verser de l’eau au moulin des concurrences territoriales », comme cela a pu être le cas pour les incitations fiscales à l’installation de médecins.
Une autre question fondamentale est celle de l’échelle qui permet de classer ou non une commune en ZRR : la dernière réforme, en 2017, basée sur l’échelon intercommunal, avait eu des effets pervers, excluant des communes pauvres dans un EPCI riche ou vice versa.
Dans son rapport, la mission de l’AMF proposera un système précis mais d’ores et déjà, il est clair qu’il faudra «revenir à l’échelon communal », affirme Ludovic Rochette, même si un «cadre intermédiaire » serait intéressant pour «ne pas pénaliser les espaces ayant bénéficié de la réforme ». Et comme le constatent également de leur côté les sénateurs (lire ci-dessous), avant d’engager une nouvelle réforme, il faudra encore pousser l’analyse et le suivi de l’impact réel des ZRR.