« Nous sommes le 15 août [2024], au cœur de l’Assomption et de nos Journées napoléoniennes, quand le cardinal me glisse que “peut-être”, le pape François [il s’est éteint, à Rome, le 21 avril dernier, NDLR] “va venir”. Je réagis à peine, les visites de personnalités sont souvent l’objet de rumeurs.
Pourtant, quelques semaines plus tard, il me dit : “Ce sera avant la fin de l’année.” Ouch ! Cela change tout ! Là, j’agite directement les services communaux – le pape qui arpente Ajaccio, cela aurait du cachet. Le diocèse, le Quai d’Orsay [siège du ministère des Affaires étrangères] et l’Élysée entrent dans le bal.
Le 23 novembre, c’est officiel : le souverain pontife vient “le 15 décembre” à Ajaccio, quatre semaines plus tard ! Il parcourra la ville, assistera à un colloque, prononcera une messe puis s’en retournera au Vatican. Là où Marseille avait eu neuf mois [le pape s’y était rendu les 22 et 23 septembre 2023], nous en avons un pour nous préparer. »
« Je suis serein. Certes, la pression sera planétaire pour ce 46e voyage papal, le troisième en France. Mais nous sommes familiers des événements. Nous venions, par exemple, de recevoir le chanteur Sting. Une émotion tout de même : ce voyage, c’est la reconnaissance de notre identité, de notre singularité religieuse, avec les chants corses, par exemple.
La préfecture est en pole position, le diocèse aussi. Nous, c’est la logistique. Tout s’affine au fil des jours. La ville sera piétonne, pavoisée, sécurisée. Nous fermons des axes, retirons des voitures, informons la population. Les commerçants, les terrasses, le stationnement..., nous sommes le nez dans le guidon. Mais enthousiastes ! »
« Le 15 décembre, nous sommes prêts. La ferveur de ce jour est incroyable. J’ai vu des CRS la larme à l’œil, mes administrés heureux – nous en parlons encore. Pas d’accroc : un jour fluide et que de la bonne volonté. J’ai tout bien vécu, de l’accueil du souverain pontife sur le tarmac de l’aéroport à son départ, son passage en mairie, la signature du livre d’or et la remise de cadeaux, la messe, l’accueil d’Emmanuel Macron qui était déjà venu.
Ajaccio a écrit une page de son histoire. Depuis, je réfléchis à donner le nom du pape à un lieu, aux enjeux du tourisme cultuel. Un pape à Ajaccio ! Quand on sait les relations que Napoléon a eues avec le Vatican ou le fait que le pape François était absent de l’inauguration de Notre-Dame de Paris, je n’en reviens toujours pas. »