« Nous sommes en train de concevoir de façon différente la protection de l’enfance », a ainsi annoncé son président Jean-Luc Gleyze, le 26 mars. Une transformation qui s’effectuera sur plusieurs années et selon quatre axes : «Plus de prévention précoce, plus d’accompagnement à la parentalité, moins de placements institutionnels et moins de rupture dans les parcours de vie. »
« Il ne s’agit pas d’un virage à 180° », précise sa première vice-présidente, Céline Goeury, chargée de la prévention, de la parentalité et de la protection de l’enfance, qui ne cache pas que «la tension financière » a représenté une raison de plus pour «se prendre en main ». En Gironde, la protection de l’enfance est le seul budget à avoir progressé en 2024, en atteignant 329,7 millions d'euros pour 12 000 enfants suivis dont 6 780 enfants confiés (80 % pour des carences éducatives et 20 % pour maltraitance). Le département employait 2 000 professionnels en 2023 dans le cadre de l’ASE. «Notre réflexion a débuté en 2022, lors d’un voyage d’études au Québec qui nous a inspiré pour intégrer des changements dans l’accompagnement, en créant par exemple des conférences familiales pour amener la famille à collaborer au placement », «ou pour accorder davantage de place aux tiers de confiance », explique Céline Goeury.
Plus généralement, le département entend «désinstitutionnaliser », autrement dit transformer, petit à petit, des lieux de placement en accueil familial, placement éducatif à domicile… Si ces changements sont attendus pour 2026, le département entame, dès cette année, le dialogue avec les grandes associations du secteur tout en remettant à plat l’affectation des intervenants. «Nos professionnels de la protection de l’enfance ne travaillent plus depuis Bordeaux mais sont rattachés à l’un des 9 pôles territoriaux de solidarité du département », se félicite l’élue, avec, de plus, l’arrivée de 80 professionnels en deux ans pour renforcer le service de protection maternelle et infantile (PMI) ainsi qu’une campagne de recrutement d’assistants familiaux.
Quelle sera la place de l’échelon communal ? «Elle est importante, d’autant plus au moment où le service public de la petite enfance se met en place », répond Céline Goeury. Nous attendons les acteurs locaux sur le volet du soutien à la parentalité, un fort levier de prévention de la maltraitance. Nous espérons renforcer nos liens avec les écoles, les CCAS [qui sont] aux côtés des familles les plus précaires. »
La direction «accès aux droits » du département entend se rapprocher des secrétaires de mairie «afin de travailler davantage en réseau ». En tant que conseillère départementale, Valérie Guinaudie «soutient les nouvelles orientations du département » et en tant que présidente de la communauté de communes du Grand Cubzaguais (16 communes, 37 500 hab.) et maire de Mombrier (470 hab.), elle s’est engagée sur ce volet, «une politique du temps long, avec la difficulté de toucher les familles les plus en difficulté qui se rendent invisibles par peur du placement de leurs enfants ».
Les élus s’appuient sur «les relais locaux, comme les espaces de vie sociale », équivalents des centres sociaux, surtout implantés en milieu rural, portés par des associations et agréés par la caisse d’allocations familiales.