Un jumeau numérique de territoire est une représentation virtuelle d’une ville ou d’un territoire. Il combine une modélisation 3D du territoire avec des données variées : infrastructures, réseaux, environnement, trafic, données socio-économiques...
Contrairement aux outils cartographiques classiques, il est «connecté » au territoire en intégrant des données en «temps réel », issues de capteurs. Ceux-ci remontent les flux de déplacement, la fréquentation de sites touristiques, le niveau des cours d’eau ou encore des données collectées sur le terrain par des agents ou des citoyens.
Au-delà de «l’instantané » du territoire, le jumeau peut simuler des scénarios d’évolution et aider à la prise de décision. Il peut matérialiser l’impact d’un projet d’aménagement (lotissement, équipement public, ligne de transport…) sur l’environnement et les mobilités en vue de la soumission de scénarios aux élus ou aux citoyens.
Dans la Somme, dans l’Aude ou encore dans l’Aisne, le jumeau est utilisé pour la gestion des risques : objectifs, anticiper les effets d’une crue ou d’un incendie à l’échelle d’une commune, optimiser l’intervention des secours...
Dans les zones urbanisées, cette maquette aide à définir les emplacements des caméras de vidéoprotection en fonction des statistiques de la délinquance.
La multiplication des jumeaux et des standards technologiques nuit à leur démocratisation. C’est pour cette raison que l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) ainsi que le Cerema, en lien avec le Conseil national de l’information géolocalisée (CNIG), ont été missionnés pour dessiner les bases d’un jumeau numérique national.
L’objectif est de mutualiser les coûts et de concevoir un socle technique commun sur lequel pourront s’appuyer les jumeaux territoriaux.
En pratique, il s’agit de créer des jeux de données géographiques de référence actualisées et de proposer des outils de visualisation ou de simulation. Cet outil devrait être accessible prochainement au plus grand nombre, et notamment aux communes, via des plateformes thématiques, comme celle sur le suivi de l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN).
Le «carburant » du jumeau numérique est la donnée qui doit être pertinente, précise et actualisée. C’est pour cette raison que le jumeau numérique a souvent pour préalable la création d’un système d’information géographique (SIG). Ce SIG propose différentes «couches » de données – infrastructures, environnement, urbanisme, socio-économiques… – qui vont pouvoir être croisées avec des données en temps réel et faire l’objet de scénarios. Il suppose des compétences en matière de données et, de plus en plus, dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), cette dernière aidant au traitement des données et à la modélisation de scénarios.
Un jumeau numérique part d’un besoin clairement identifié. Dans la Somme, la prévention des inondations, dans l’Aude, la lutte contre les incendies, en Vendée, la volonté des élus de faciliter l’implantation de panneaux photovoltaïques en créant un «cadastre solaire ». Concevoir un jumeau numérique suppose une approche mutualisée, a minima à une échelle intercommunale mais parfois à l’échelle départementale ou régionale. Cette échelle permet de minimiser les coûts mais aussi d’associer l’ensemble des partenaires pertinents (SDIS, opérateurs locaux de services publics).