01/02/2019
Europe

RescUE, le renfort européen en cas de catastrophes naturelles

L'Europe va mettre en place à partir d'avril des moyens communs pour conforter le mécanisme de protection civile créé en 2001.

Lors des incendies de 2017 dans le Var et les Bouches-du-Rhône, « faire appel à un avion italien a permis à l’un de nos canadairs de faire une pause après l’équivalent de 72 allers-retours Paris New-York », se souvient Michaël Bernier, lieutenant-Colonel de sapeur-pompier et membre de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises. Cet été-là, le mécanisme européen de protection civile a été sollicité 17 fois dans toute l’Europe, et notamment en France : dans le Var donc mais aussi en Haute-Corse, dans les Alpes-Maritimes ou encore dans le Vaucluse.  
En juillet 2018, ce sont deux Canadairs et un Beechcraft français qui ont décollé de Nîmes pour aider les pompiers suédois à lutter contre les gigantesques incendies qui ravageaient le pays. Sur place, « nous avons découvert qu’ils ont très peu de pompiers au sol », remarque Michaël Bernier. Les Français ont donc partagé leur expertise des contre-feux. « Ce qui n’est pas facile car ils doivent être allumés la nuit. Or, là-bas, le jour se lève très tôt et se couche très tard. » 
Cette mise en commun du matériel et des expériences est au cœur du mécanisme européen de protection civile. Créé en 2001, ce dispositif met en commun des équipements et un centre de coordination basé auprès de la Commission européenne à Bruxelles. Les interventions se déroulent aussi bien en Europe qu’ailleurs, par exemple après le tremblement de terre à Haïti en 2010 ou pour lutter contre l’épidémie d’Ebola en Afrique. Des exercices communs sont régulièrement organisés pour apprendre à travailler ensemble, chacun apportant son expertise : les Français pour les liaisons terre/air par exemple, et les Italiens pour la gestion des séismes.

Former les équipes

Avec la création de « RescUE », l’Europe va maintenant « passer à la vitesse supérieure », constate Michaël Bernier. Approuvé par les eurodéputés en décembre dernier, RescUE est une réserve de moyens de protection civile. Cette réserve sera dotée d’un budget additionnel de 205 ME pour la période 2019-2020 et doit en principe être opérationnelle fin avril. Elle mettra à la disposition des services de secours des avions de lutte contre les incendies, des pompes à eau spéciales, des hôpitaux de campagne, des équipes médicales d’urgence…

« Tout ne se fera pas », prédit toutefois Michaël Bernier. Notamment parce que Bombardier ne commencera la production de nouveaux Canadairs qu’à partir de 24 appareils. Or, à plus de 60 ME pièce, le budget européen risque de ne pas suivre. Il faudra également assurer la formation des équipes, puisque « avoir des modules de matériel sans savoir s’en servir ne sera pas très utile », note-t-il. Reste que le mécanisme a fait désormais ses preuves sur le terrain, de la Corse à la Suède. « C’est une grosse machine en train de stabiliser », conclut Michaël ­Bernier.    

Nathalie STEIWER
n°365 - Février 2019