Interco et territoires
01/05/2020
Développement économique

Les maires aident le commerce local et les agriculteurs

Les communes multiplient les initiatives pour permettre aux producteurs, durement impactés par la fermeture des marchés, restaurants et écoles, d'écouler leurs produits.

À Lormes (58), un drive fermier solidaire regroupe cinq commerçants et deux producteurs.
Les maires ont vite identifié une conséquence de la fermeture des restaurants, puis des cantines scolaires et enfin des marchés : la véritable hécatombe qu’encouraient les exploitants agricoles et surtout les petits producteurs, maraîchers devant jeter les fraises, les asperges et les radis à la tonne… Devant le risque posé à l’ensemble du tissu économique local, les communes ont rivalisé d’inventivité pour redorer le blason des circuits courts, qui ont la vertu de limiter la manipulation des produits et la surcharge de la chaîne logistique.
Elles ont d’abord multiplié les informations sur les commerces restés ouverts, avec une priorité pour les petits, exposés à la concurrence déloyale des grandes surfaces (lire ci-contre) et de leur système de « drives », appropriés pour la distanciation sociale. Par boîtage, sur les réseaux sociaux ou avec des cartes interactives, elles ont référencé commerçants comme agriculteurs pratiquant la vente directe, comme à Saint-Flour (15) et son agglomération, dans le Grand Poitiers (86), au Pays de Caux (76) ou à Sarlat (24), parfois en relayant les informations mises en place par des départements et régions. Certaines ont déployé les aides financières avec exonération des loyers et droits de place ­(Morlaix - 29).
Plus exigeantes encore en matière de travail pour les équipes municipales, les ouvertures d’espaces de vente pour les producteurs, avec des drives imitant le modèle des grandes surfaces, dans un commerce ou sur une place ouverte ont été organisées.

Rouvrir les marchés ?

Certaines communes accompagnent les initiatives, comme à Mouans-Sartoux (06), où la mairie a prêté tables et sacs en papier pour que l’AMAP organise son drive devant la gare, tandis que celui de l’épicerie bio boostait son chiffre de près de 50 % dès la première semaine. À Village-Neuf (68), la mairie a relayé l’initiative des 6 maraîchers de la commune qui se sont regroupés pour organiser à tour de rôle une vente à la ferme. De son côté, Angers (49) propose aux commerces « non essentiels » de rouvrir leurs portes pour y accueillir des maraîchers. Il suffit de passer le pont sur le Maine pour s’approvisionner en produits céréaliers dans une péniche-bar à vin, ou en fruits et légumes dans le bistrot L’Eden. Lons-le-Saunier (39) a fait tout cela et plus : sa cuisine centrale, qui alimente toujours l’hôpital et les maisons de retraite, a lancé un appel aux producteurs souhaitant lui vendre leurs produits. À Lormes (58), le drive municipal de produits locaux dont les élus rêvaient depuis six ans a été ouvert en une semaine ! Une secrétaire de mairie prend les commandes par téléphone pour ceux qui ne peuvent ou ne savent pas utiliser internet, et des bénévoles ­assurent les livraisons pour les personnes confinées. Le dispositif regroupe 5 commerçants de la commune et, à ce jour, un éleveur de volailles et un horticulteur.
Pour les producteurs locaux, la fermeture des marchés est un cauchemar. Monique Rubin, présidente de la Fédération nationale des marchés de France, demande aux maires de tout tenter pour rouvrir leurs marchés, à partir du 11 mai. Dans sa contribution à la préparation du déconfinement, l’AMF estime que « la règle doit être la réouverture, sauf opposition motivée du préfet ». Un document validé par le gouvernement présente toutes les mesures qui permettent cette réouverture tout en garantissant de bonnes conditions sanitaires (1). Mi-avril, seuls 1 000 marchés supplémentaires avaient pu rouvrir leurs étals – soit plus de 3 500 sur un total de 10 500 (selon l’État). Mais une fois passé l’orage, on ne pourra plus tout à fait agir comme hier : « Demain, les gens vont revenir beaucoup plus vers les circuits courts », se félicite Isabelle Trendel, première adjointe de ­Village-Neuf. Grâce aux efforts des collectivités, le bilan de la crise pourrait n’être pas si négatif pour l’agriculture, du moins à long terme. 
(1)    https://bit.ly/34UgzEE

Emmanuel Guillemain d'Echon


 

Appel à la grande distribution
Avec 7 autres associations d’élus, l’AMF a adressé, le 9 avril, un «appel » à la solidarité de la grande distribution envers les producteurs locaux. Pour elles, les grandes surfaces doivent «décupler (leurs) approvisionnements auprès des producteurs locaux français ou leurs coopératives ». Le collectif ­d’associations réclame, en outre, aux distributeurs de «créer et d’abonder un fonds de soutien aux producteurs locaux, à l’instar de la contribution des compagnies d’assurance au fonds de solidarité en faveur des PME et PMI (petites et moyennes industries), instauré fin mars ».
 
n°379 - mai 2020