Pratique
01/11/2020
Environnement

Entretien des cimetières : objectif zéro phyto

Bientôt concernées par l'interdiction des produits phytosanitaires dans leurs cimetières,  les communes doivent se préparer.

On évalue aujourd'hui à plus de 40 000 le nombre de cimetières en France. Si la quasi-totalité d'entre eux couvrent une surface de moins de 1,5 hectare, leur entretien n'en nécessite pas moins un travail régulier comme chacun a pu le constater lors de leur réouverture à la suite du confinement. La réglementation s'apprête à interdire, à compter du 1er juillet 2022, l'utilisation des produits phytopharmaceutiques dans les cimetières. De nombreuses communes n'ont pas attendu les textes pour  prendre les devants. En ce domaine, quelques conseils pratiques méritent d'être prodigués au regard des différents équipements disponibles sur le marché. En premier lieu, la transition vers un cimetière zéro phyto nécessite de savoir précisément identifier les espaces problématiques. Dans ce cadre, il s'agit de veiller à bien distinguer «l'espace des morts, l'espace des vivants et les espaces adjacents », préconise le Conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement du Jura (www.ressources-caue.fr). Inter-tombes, caveaux et allées, jardin du souvenir, réserves de concession, allées et espaces de recueillement devront ainsi être localisés et mesurés afin de pouvoir évaluer au plus juste l'importance des dispositions à mettre en œuvre.
Requalifier les espaces 
Ce préalable étant posé, il devient ensuite possible d'envisager de nouvelles pistes d'aménagement afin de requalifier les espaces. En pratique, le redimensionnement des allées par exemple - ou la simplification des revêtements - pourra être utilement envisagé. Côté équipements, nombreuses sont les possibilités offertes aux communes en ce domaine. Ainsi, maçonner les inter-tombes, l'arrière des sépultures ou encore les bordures des allées permet de réduire les espaces interstitiels difficiles d'accès. À l'inverse, en fonction de la configuration des lieux, d'autres communes privilégieront la végétalisation en prenant soin de choisir des espèces capables de faire office de couvre-sol de manière à économiser l'entretien. Lierre terrestre, Potentille rampante, Buggle rampant, Petite Pervenche ou encore Véronique filiforme, par exemple, présentent l'avantage d'être vite couvrants et d'éviter ainsi le développement des mauvaises herbes. Tout dépendra, bien sûr, des conditions climatiques.
S'agissant des revêtements proprement dits, le choix à privilégier est sans nul doute celui des matériaux perméables. Certes, l'engazonnement et la stabilisation offrent de belles performances les premiers mois. Mais ils n'en réduisent pas pour autant l'ampleur du travail d'entretien à moyen terme. De nombreuses communes choisissent d'engazonner les allées principales, mais en prenant soin, au préalable, de préparer le sol avec un mélange de terre et de pierre afin de faciliter l'accès des personnes à mobilité réduite et des véhicules. Ne pas hésiter, dans ce cas, à contacter les pompes funèbres avant de passer au vert afin de s'assurer que les opérateurs funéraires pourront bien circuler dans les allées. Une fois actée, cette option ne nécessitera alors qu'un débroussailleur, un souffleur et une tondeuse pour assurer l'entretien des allées. Contre les mousses et les mauvaises herbes aux abords des monuments, ne pas hésiter à réutiliser le savon noir ou les produits biologiques diffusés à la vapeur. Pour les allées secondaires, il peut être préconisé d'opter pour des pavés ou des dallages (en pierre ou en béton) en laissant les joints enherbés afin d'assurer la perméabilité du sol. En ce domaine, les fabricants proposent de nombreux matériaux adaptés aux spécificités locales. Concrètement, le désherbage sera alors thermique, mécanique ou encore manuel.
Impliquer les familles
Au cimetière du Ronchin (Nord), depuis le 1er janvier dernier, la municipalité assure un entretien à la main des différents espaces de son cimetière. Mais comme partout ailleurs, la période de confinement a vu la végétation proliférer dans les allées et sur les tombes. À Allenjoie (734 hab., Doubs), c'est «avec un peu de retard dû au confinement » que le cimetière a été nettoyé et désherbé. «Dans les allées gravillonnées, un désherbage mécanique manuel avec une houe maraîchère a été effectué, tandis que dans la partie " vieux cimetière ", la débroussailleuse a été passée », explique la municipalité. «À présent que les allées sont propres et désherbées, nous comptons sur chacun pour entretenir les abords des tombes, ceci est primordial pour stopper la propagation des mauvaises herbes », insiste-t-on en mairie afin de responsabiliser chacun. Car par-delà les efforts qu'il est demandé aux mairies de réaliser, c'est aussi l'obligation incombant aux familles d'entretenir soigneusement tombeaux et caveaux que ne doivent pas hésiter à relayer les communes. «Entretenir une tombe, c'est-à-dire nettoyer régulièrement la sépulture d'un membre de votre famille, c'est honorer sa mémoire et son nom, mais c'est également une obligation civique », rappelle-t-on en ce sens dans les supports d'information municipaux à La Roche Blanche-Gergovie (Puy-de-Dôme).
Lieux intimes de recueillement où les moindres défauts d'entretien sont vite remontés en mairie, les cimetières doivent aujourd'hui savoir passer «au vert » sans pour autant se voir reprocher leur éventuelle végétalisation esthétique et fonctionnelle. L'occasion surtout d'informer les habitants sur la nécessité d'agir ensemble pour faire de nos cimetières des lieux de développement durable exemplaires. 

Christophe ROBERT
n°384 - Novembre 2020