Pratique
01/12/2020
Social

Travailler avec... une mission locale

Service public de référence pour l'insertion des jeunes, les missions locales offrent compétence, écoute et outils. Le réseau compte 440 missions et 6 560 lieux d'accueil. Par Emmanuelle Stroesser

 

MISSIONS

Le fil rouge des missions locales est l’accompagnement des jeunes, de 15 à 26 ans, vers l’autonomie et l’emploi. Cela comprend l’insertion professionnelle et sociale en cherchant à lever les freins s’il en existe. L’accès à la santé, à la culture, à la citoyenneté, au logement font partie de cet accompagnement global et personnalisé. Près d’1,3 million de jeunes par an sont en contact avec les 440 missions locales. Dans le cadre du plan «1 jeune, 1 solution » lancé par l’État, fin juillet, 100 M€ supplémentaires sont accordés afin d’augmenter le nombre de bénéficiaires du PACEA (parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie) et de la garantie jeunes mis en œuvre par les missions locales.

ORGANISATION

Les missions locales sont des associations présidées par des élus locaux. Leur conseil d’administration se compose de plusieurs collèges : les institutions de droit (collectivités), les partenaires (État, Pôle emploi, Cap emploi, les chambres consulaires, la Justice, l’Éducation nationale) et, enfin, les bénévoles et associations. Les missions locales fonctionnent avec une équipe de conseillers en insertion professionnelle, conduite par un directeur. Le financement est assuré en majeure partie par l’État, les collectivités territoriales, les fonds européens. Leur offre de services est formalisée dans un cadre de référence national.

ACTIONS

« Ne rien imposer mais construire avec le jeune son parcours pour qu’il gagne à l’issue l’estime de soi, la confiance, etc. C’est cela notre quotidien », explique un directeur de mission locale. Leur accompagnement passe par des temps collectifs et individuels. Les conseillers ont à leur disposition un panel d’outils qu’ils mobilisent en fonction de la situation et du parcours du jeune. Depuis septembre, les missions locales ont en charge l’obligation de contrôle de formation des jeunes de 16 à 18 ans, non scolarisés. Ce sont elles aussi qui mettent en œuvre la garantie jeunes et les PACEA. Lorsqu’un jeune vient les solliciter ou les rencontrer, le conseiller cerne ses besoins et ses problèmes pour les résoudre, avec l’appui d’autres professionnels (psychologues, médecins, etc.). Une mission locale peut mettre en place des outils plus adaptés à une demande locale. Par exemple, une bourse au permis de conduire. Au-delà de l’offre globale d’accompagnement, elle peut donc faire du sur-mesure. Le service civique est un autre dispositif vers lequel elle peut orienter les jeunes, qui peuvent parfois l’exercer au sein même d’une mission locale.

MICHEL FRANÇOIS, maire de Dissay (3 200 hab., Vienne)
président délégué de la mission locale d'insertion du Poitou
« La particularité d'une mission, c'est qu'il y a un double pilotage. Celui de la collectivité sur le projet associatif et son financement. Celui de l'État qui est le gros donneur d'ordre sur les politiques publiques. “ L'art ” consiste à mettre en œuvre des politiques locales tout en répondant à des injonctions de l'État. À mes collègues, je dis qu'il faut soutenir les missions, les accompagner et les solliciter! Les missions ont la polyvalence pour répondre à toutes les situations rencontrées par des jeunes. »
CONTACT Union nationale des missions locales (UNML).
3/5 rue de Metz, 75010 Paris.
Tél. 01 75 43 32 32. [email protected] www.unml.info
La mission locale du Poitou couvre 67 communes
La mission locale d’insertion du Poitou, basée à Poitiers (86), couvre un vaste territoire, à la fois urbain et rural. Intervenant au départ sur 13 communes (de l’ancien Grand Poitiers), elle a dû étendre son action sur 27 communes de plus (237 000 hab. au total), depuis 2017, auxquelles s’ajoutent 27 communes du Haut Poitou. Cette reconfiguration a répondu à une demande claire des élus : développer la même offre sur l’ensemble du nouveau territoire. Cela s’est traduit par le projet associatif de la structure : «développer la proximité des quartiers de la politique de la ville jusque dans le rural », résume le directeur de la mission, Pierre Dugontier. La mission est passée de 10 à 18 lieux d’accueil, « pour répondre à l’une des problématiques n°1 des jeunes : la mobilité. Si on ne va pas vers eux, on les perd. » La proximité est possible car les communes mettent à disposition des locaux. «Si nous devions payer le loyer, ce serait impossible », assure le directeur.
n°385 - Décembre 2020