L'actu
01/12/2020
Administration générale

Crise sanitaire : les maires jugent sévèrement la gestion de l'État

Une majorité d'entre eux estime ne pas avoir été suffisamment associée à la mise en œuvre de l'état d'urgence sanitaire. PAR X.B.

Sources de dysfonctionnement de la gestion de la crise sanitaire
Dans le cadre de la quatrième enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité, conduite par le Cevipof et l’AMF (www.amf.asso.fr, réf. BW40410), dont les résultats ont été dévoilés le 20 novembre, les maires étaient notamment invités à se prononcer sur leurs relations avec l’État durant la crise épidémique. Leur constat est sans appel : alors que le gouvernement a vanté à maintes reprises le couple «maire-préfet» dans la gestion de la crise sanitaire, 48 % des quelque 4714 maires qui ont répondu à l’enquête estiment avoir été «pas bien» ou «pas du tout»associés à la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire. C’est dans les communes de 3500 à 9000 habitants que ce sentiment est le plus fort – seulement 26 % des maires de ces communes estiment avoir été réellement associés. À l’inverse, 39 % des maires interrogés estiment avoir été «bien associés» tandis que 12 % ne se prononcent pas car ils n’étaient pas en responsabilité au cours du printemps. 
Au moment de l’enquête, menée du 14 octobre au 10 novembre, la crise épidémique était loin d’être terminée. Pour autant, «le regard porté par les édiles sur leur relation à l’exécutif confirme un malaise que les efforts récents du gouvernement n’ont pas totalement dissipé», note le Cevipof. Ainsi, sollicités pour évaluer l’action du gouvernement vis-à-vis des collectivités, les maires lui attribuent «une note moyenne très sévère (8 sur 20)».

8/20
La note attribuée par les maires à l'action du gouvernement vis-à-vis des collectivités.

 

DES RESSENTIS DIFFÉRENTS

L’enquête fait apparaître une différence de ressenti vis-à-vis des services de l’État : alors qu’une nette majorité de maires (66 %) estime que les services préfectoraux ont été «efficaces» ou «plutôt efficaces» pendant la crise, seulement 40 % ont le même sentiment vis-à-vis des agences régionales de santé (ARS). Parmi les «sources de dysfonctionnement» ressenties par les maires (lire ci-dessus), le «manque de directives claires et cohérentes de la part de l’État» vient en tête (51 %), suivi du manque de matériel de protection (30 %) et du manque de directives de la part des ARS (29%).
En revanche, 90 % des maires ne se sont pas sentis «abandonnés» par l’État. Cependant, «parce que la menace sanitaire qui pèse sur le quotidien des Français ne disparaîtra pas de sitôt, l’urgence appelle à repenser les relations de l’État et de ses administrations avec les représentants élus, nationaux et locaux», estime le Cevipof. Voire l’organisation sanitaire de la France. Appelés à formuler des propositions «dans un monde post-covid», autrement dit à tirer les leçons de la crise, les maires placent notamment en tête de leurs souhaits la nécessité de donner «plus de moyens aux hôpitaux publics et à la médecine de ville» (42 %), de disposer de «consignes plus claires»et d’«une communication plus fluide et mieux organisée entre les différents acteurs», et, enfin, de «mieux anticiper les crises sanitaires en termes organisationnels». Autant de points soulignés par l’AMF qui demande à l’État de remettre à plat l’organisation territoriale de la santé en renforçant les moyens dédiés aux hôpitaux, en redonnant du pouvoir aux maires dans leur gouvernance, en améliorant leur coordination avec la médecine de ville et le secteur médico-social, et en instaurant une gouvernance locale partagée des ARS.

 

n°385 - Décembre 2020