L'actu
03/03/2021
Sécurité - sécurité civile

« Beauvau de la sécurité » les maires sont parties prenantes

Cette concertation sur le fonctionnement des forces de l'ordre réunira, jusqu'en mai, État, élus, policiers, gendarmes et experts. Par F.L. et X.B.

Selon Jean Castex, le Premier ministre (à droite), les forces de l'ordre doivent être « au plus près du terrain et des populations ».
 " Poser les fondements d’une ambitieuse loi de programmation de la sécurité intérieure à l’horizon 2022 » : tel est le principal objectif du «Beauvau de la sécurité », du nom de la place Beauvau à Paris où siège le ministère de l’Intérieur, fixé par le Premier ministre lors du lancement de cette concertation nationale inédite, le 1er février. Jean Castex a insisté, à cette occasion, sur « trois sujets qui constituent autant d’attentes de ma part » : l’organisation et les conditions d’emploi des forces, avec un objectif clair : « Avoir le plus de policiers et de gendarmes possible au plus près du terrain et des populations » ; renforcer « la coopération institutionnelle », notamment avec les collectivités et les polices municipales, dans le cadre du continuum de sécurité qui est au cœur de la proposition de loi relative à la sécurité globale en cours de discussion au Parlement (le Sénat l’examinera mi-mars) ; améliorer les relations entre les forces de l’ordre, la population et les médias. Le Beauvau de la sécurité se déroulera, jusqu’en mai, sous la forme de réunions bimensuelles et – ce qui est une première pour ce genre d’exercice – publiques, puisqu’elles sont diffusées en direct sur Facebook et Twitter. Les tables rondes s’organisent autour de 8 thèmes successifs : le lien police-population, l’encadrement, la formation, les relations avec la justice, le maintien de l’ordre, la question des captations vidéo, le contrôle interne, les conditions matérielles de travail et le soutien. Trois collèges sont distingués : représentants des forces de l’ordre, personnalités qualifiées et élus. Ce dernier est composé de deux députés (Jean-Michel ­Fauvergue et Ian Boucard), deux sénateurs (Henri Leroy et Jérôme Durain) et quatre maires ou adjoints désignés par l’AMF : Jean-Pierre ­Bouquet (maire de Vitry-le-François), Nathalie Koenders (1re adjointe au maire à Dijon), ­Frédéric Masquelier (maire de Saint-Raphaël) et Alexandre Touzet (maire de Saint-Yon). Les maires, représentant légitimes des citoyens, seront également tout au long des débats les porte-paroles de la population. Les réunions seront présidées, le cas échéant, par des représentants de l’État ou des ministres. Autres caractéristiques de ce Beauvau : des déplacements dans les territoires, chaque semaine, du ministre de l’Intérieur, Gérald ­Darmanin, ou de sa ministre déléguée, Marlène Schiappa. Les ministres iront « à la rencontre des forces de l’ordre » pour discuter de thèmes tels que «les relations avec les maires, les attentes de la nouvelle génération, la sécurité dans les transports ou la sécurité en milieu rural et agricole ». Un certain nombre « d’initiatives locales » sont organisées par les directions générales de la police nationale et de la gendarmerie nationale. Enfin, une large consultation («  cahiers de doléances ») est en cours au sein des forces de l’ordre elles-mêmes.  

 

 L’AMF précise ses attentes et points d’attention
Dans un communiqué publié le 2 février (www.amf. asso.fr, réf. BW40559), l’AMF souhaite qu’«  une définition précise de la notion de sécurité soit posée afin de clarifier les attentes et la répartition des compétences de chaque acteur ». Elle demande qu’une table ronde soit spécifiquement dédiée à « la question de la place de la police municipale dans le continuum de sécurité, celle de ses compétences, de ses moyens et du recrutement de ses agents, des thématiques centrales qui ne peuvent être dissociées de l’évolution de l’organisation et de la doctrine d’emploi de la police nationale ou de la gendarmerie. » Par ailleurs, l’association plaide « pour une meilleure organisation de la présence des forces de sécurité auprès de la population ». Elle souhaite que « les forces de sécurité intérieures ne se désengagent pas du traitement de la délinquance du quotidien », qu’elles rendent compte régulièrement de leur action aux élus et à la population et que « policiers et gendarmes retrouvent une présence visible sur la voie publique ». Enfin, l’AMF demande qu’à l’issue du Beauvau, afin de ne pas « rester sur des effets d’annonce », soit prévue « une méthodologie permettant de suivre et d’évaluer la politique rénovée qui sera menée en matière de sécurité. Il faut donc en fixer les instruments et le calendrier, tout en gardant un discours de vérité ».
n°388 - MARS 2021