Pratique
05/03/2021
Équipement Tourisme

Tourisme. Quand le virtuel devient réalité

Covid-19 oblige, les collectivités recourent aux nouvelles technologies pour valoriser autrement leur patrimoine. Par Christophe Robert

Toutes les communes peuvent utiliser les QR codes pour améliorer l’accueil des touristes et des visiteurs locaux. De la mise à disposition de plans de villes aux guides et brochures touristiques, en passant par les modalités de réservation et de paiement, les fonctionnalités ouvertes par les QR codes sont multiples. Et cette technologie n’est pas l’apanage des grandes capitales culturelles. Par exemple, le village d’Ayen (Corrèze, 750 hab.) peut ainsi être visité dans le cadre de « randonnées connectées » au moyen de QR codes répartis sur les sites les plus emblématiques de la commune. Autre exemple avec la Maison du tourisme de La Cadière d’Azur (Var, 5 500 hab.) qui propose aussi une visite guidée autonome du village. Des plaques comportant un QR code ont été installées un peu partout dans les rues de la commune. Il suffit aux visiteurs de les scanner, à l’aide de leur smartphone, pour tout connaître des rues et des monuments présentés. « Il s’agit d’une initiative qui résulte d’une démarche de développement durable en limitant la consommation de papier, mais aussi de rendre accessible à tout le monde et à n’importe quel moment une visite historique expliquée du village », précise Corinne Bonifay, adjointe en charge du tourisme, du commerce et de l’artisanat. À l’office de tourisme du Teich (Gironde, 8 200 hab.) encore, des QR codes ont été créés afin de rendre accessibles en un clic sur tous les smartphones les brochures les plus demandées : les guides touristiques, la carte du Teich, ou encore la documentation du Bassin d’Arcachon et du parc naturel régional des Landes de Gascogne. Des efforts de communication et de sensibilisation doivent être menés, en particulier à l’égard des publics âgés, parfois moins coutumiers des nouvelles technologies que les nouvelles générations. L’office de tourisme Sologne côté Sud proposait ainsi, en 2016, « Scannez, ouvrez, explorez », une application QR code donnant accès à un guide touristique mobile gratuit et utilisable même sans connexion internet. Hélas, la solution a été abandonnée, faute d’utilisateurs en nombre suffisants à l’époque. Mais les QR codes ont vite été remis à l’ordre du jour lors du confinement. Le service propose aujourd’hui notamment un accès direct à la boutique en ligne des artisans locaux afin de permettre aux utilisateurs de commander directement leurs produits.

 

Élargir son public

En pratique, la mise en place de QR codes donnant accès à des ressources documentaires (brochures, plaquettes, cartes, vidéos) ne nécessite pas de connaissances informatiques très poussées. Au niveau le plus simple, les codes peuvent en effet renvoyer sur une page ou sur un document librement téléchargeable hébergé sur une plateforme (sur le site web de la collectivité par exemple). Quant à l’opération de création graphique du QR code, elle peut être aisément réalisée en interne au moyen de nombreux logiciels gratuits disponibles en ligne. Il en va différemment en revanche s’agissant des applications plus poussées, notamment celles destinées à informer directement habitants et touristes de ­passage des événements culturels et sportifs. Mais les prix sont aujourd’hui devenus beaucoup plus abordables (compter à partir de 500 euros par an en fonction des options retenues). C’est sur la réalité virtuelle que misent de plus en plus de collectivités, grâce aux casques VR-3D. En pratique, ces appareils permettent de reconstituer la réalité, par le biais d’images issues d’enregistrements vidéo et d’images issues de la création 3D.

 

Expériences immersives

Le résultat est souvent époustouflant, offrant une expérience visuelle à 360° très proche de la réalité. L’intérêt de cette technologie est double. En premier lieu, elle permet de proposer aux futurs visiteurs une première immersion dans les lieux encore ignorés pour leur donner envie de venir les voir sur place. En second lieu, la mise à disposition de casques de réalité virtuelle peut être proposée localement afin de faire découvrir aux utilisateurs des vues inédites accompagnées de commentaires historiques. C’est notamment le choix de la commune nouvelle de Saint-Pierre-en-Auge (Calvados), l’été dernier. Touristes et habitants ont pu ainsi redécouvrir son abbaye bénédictine millénaire au travers de films tournés par un drone à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment. Dans le même esprit, le nouvel office de tourisme de Rennes Métropole propose, depuis mars 2019, aux futurs touristes de découvrir le Couvent des Jacobins (nouveau centre des congrès) grâce à une visite guidée immersive, mise en ligne sur internet. Des casques proposés par l’office de tourisme permettent d’assister à un concert de l’Orchestre symphonique de Bretagne dans le grand auditorium du centre des congrès de Rennes Métropole. «Face aux solistes de l’orchestre, au plus près des musiciens, le spectacle est impressionnant. De quoi vous donner envie d’assister en vrai à un concert ou de prolonger votre découverte par une visite guidée bien réelle du couvent », explique-t-on à l’office de tourisme. Selon une étude de l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe (l’ICADE DigiWorld), la hausse des ventes de casque de réalité virtuelle a atteint + 65 % l’année dernière. Selon cette étude, 1,46 million de ces unités devraient être commercialisées à l’horizon 2023. De quoi offrir une nouvelle dimension à la mise en valeur de nos patrimoines locaux et de la culture sur nos territoires.

n°388 - MARS 2021