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Europe
07/04/2021
Europe

Les eurodéputés restent à l'écoute des attentes des acteurs locaux

Ils ont été maires ou pas. Quatre députés européens nous racontent les liens essentiels qu'ils entretiennent avec le terrain pour gérer leurs dossiers. Par Isabelle Smets

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Six mois après son  entrée au Parlement européen, en 2019, elle a ouvert une permanence locale dans « sa » commune de Saint-Contest (14). L’ancienne maire, Stéphanie Yon-Courtin, l’avait promis en entamant son mandat : cette permanence serait pour elle un moyen de rester « en contact » avec le terrain, avec les élus, avec les filières. Un moyen aussi de mieux faire comprendre ce que l’Europe peut apporter aux territoires. Avant une pause forcée due à la situation sanitaire, elle y a reçu quelque 300 personnes, « des élus, beaucoup de jeunes, des représentants des chambres d’agriculture, etc. ». « Ouvrir une permanence quand on est député européen, c’est assez rare », explique la députée que Maires de France avait interrogée en début de mandat (lire le n° 370 de juillet-août 2019, p. 25). Elle disait alors compter sur son expérience de terrain « pour mieux faire connaître les attentes des gens ». Aujourd’hui, elle confirme. « Avoir été maire, cela m’aide. Cela joue complètement dans ma manière d’appréhender les dossiers européens. À chaque fois, je me demande concrètement comment les choses peuvent être mises en place localement. C’est la différence avec des collègues qui n’ont pas été élus locaux. » Même retour chez Damien Carême, ancien maire de Grande-Synthe (59) qui, lui aussi, a quitté son mandat local pour intégrer le Parlement européen en juillet 2019. « Mon expérience d’élu local est très précieuse dans tous les dossiers que je porte. » Question de pragmatisme.
 

Garder le contact

« Avec les anciens maires, on est souvent en phase sur l’approche d’un dossier, quel que soit notre bord politique. On a un rapport au terrain, une anticipation que les autres n’ont pas forcément et cela nous permet d’apporter un plus dans les discussions. » De son passé de maire, Damien Carême dit avoir gardé ce « besoin vital » de rencontrer les gens, discuter avec eux, échanger. S’il est, pour l’instant, à Bruxelles du lundi au jeudi – il n’y a plus de session plénière à Strasbourg en raison de la crise sanitaire –, sa fin de semaine est immanquablement consacrée à ces rencontres de terrain. « Pour garder le contact. Parce qu’à Bruxelles, on tomberait vite dans le risque de l’entre-soi. » Les dossiers que l’un et l’autre portent sont inévitablement liés à leur ancrage territorial. Élue de Normandie, Stéphanie Yon-Courtin dit s’être énormément investie dans le Brexit. Elle est interpellée régulièrement sur les fonds européens – « les élus rencontrent de grosses difficultés pour avoir des explications claires sur le sujet » et, en tant que vice-présidente de la commission des affaires économiques et monétaires, elle a «beaucoup d’échanges avec les entreprises du territoire, les PME, les TPE ». Au niveau européen, Damien Carême poursuit l’engagement en faveur de l’accueil des migrants qui avait marqué son mandat à la tête de Grande-Synthe. L’ancien maire est aussi rapporteur de son groupe sur une future taxe carbone aux frontières en discussion au niveau de l’Union européenne – sa commune héberge un site d’ArcelorMittal. Alors qu’il s’est engagé sur le projet d’implantation d’une usine d’hydrogène vert à Dunkerque, l’élu est aussi devenu rapporteur de son groupe sur cette technologie. Il le répète : « le lien entre le mandat local et le mandat européen est parfait ».
Elle n’a pas été maire mais ne se considère pas moins comme «une élue de terrain ». Originaire d’Alsace, Anne Sander est connue pour son engagement en faveur des communes transfrontalières et se fait un point d’honneur de relayer les difficultés au quotidien de ces territoires. Mais pas seulement. Lors de son précédent mandat, elle a fait connaître le programme WIFI4EU qui a permis de faire financer par l’Europe des équipements permettant l’accès au Wifi gratuit dans les lieux publics – un programme dont ont bénéficié de nombreux territoires ruraux en France. « Dans ma région, plusieurs communes ont obtenu ces coupons de 15 000 €. » Membre de la commission de l’agriculture et de développement rural, elle est régulièrement sollicitée par les élus – sur le loup, la contrefaçon de la poterie d’Alsace, le casse-tête des vignettes environnementales dans les communes frontalières, l’avenir de la PAC, etc. « Je relaie, j’informe et, avec les communes, on porte les sujets ensemble. » Tout comme Karima Delli qui préside la commission des transports et du tourisme et n’a pas non plus de mandat local mais dit « former une équipe avec les maires » parce que « ce sont les villes qui enclenchent les nouvelles dynamiques ». La fin des véhicules diesel avec la maire de Paris, la décarbonation des ports avec le maire du Havre, « j’essaie toujours d’anticiper avec les maires », dit celle qui a aussi incarné le combat pour la lutte contre la pollution de l’air dans les villes quand a éclaté le scandale du Dieselgate.

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°389 - AVRIL 2021
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