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01/01/1970 NOVEMBRE 2021 - n°395
Europe

La crise sanitaire a un impact conséquent pour les villes et régions européennes

Selon la deuxième édition du « Baromètre régional et local » du Comité européen des régions, le Covid-19 a coûté 180 milliards d'euros aux collectivités.

Isabelle Smets
Pour la France, le Comité européen des régions chiffre le trou dans les finances locales et régionales à 7,2 milliards d'euros, soit 2,7 % 
des recettes des collectivités.
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Pour la France, le Comité européen des régions chiffre le trou dans les finances locales et régionales à 7,2 milliards d'euros, soit 2,7 % des recettes des collectivités.
En 2020, les collectivités locales et régionales européennes ont enregistré une hausse de leurs dépenses d’environ 125 Mds€ en raison des mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire. En même temps, elles ont dû faire face à une baisse de recettes de 55 Mds€. C’est là un des chiffres clés du Baromètre régional et local de 2021 (https://cor.europa.eu/fr), présenté en octobre, par le Comité européen des régions (CdR). Un «effet ciseau » (moins de recettes, plus de dépenses) de quelque 180 Mds€.

Comme d’habitude au niveau européen, le tableau est nuancé. Pour la France, le CdR chiffre le trou dans les finances locales et régionales à 7,2 Mds€, soit 2,7 % des recettes des collectivités. À en croire la photographie globale, les collectivités françaises s’en sortent plutôt bien puisque la baisse moyenne des recettes est de 7,3 % au niveau de l’UE – les collectivités chypriotes sont à – 25 %, celles de Bulgarie à – 15,3 %, les Luxembourgeoises à – 13,5 %.

Comment expliquer ce tableau tout en contraste ? Elle est liée à la grande diversité du panier de ressources des collectivités en Europe, y compris au sein d’un même pays. «Par exemple en France, l’arrêt presque complet des transactions immobilières pendant une partie de l’année 2020 s’est traduit par d’importantes baisses de recettes pour les départements, pour qui ces droits [de mutation] représentent près d’un cinquième de leurs recettes », note le CdR. A contrario, «les municipalités françaises, qui reçoivent une part moins importante des droits de transaction immobilière, ont été moins touchées par le gel du marché immobilier ».
 

Investissements locaux mis en péril

Autre enseignement du baromètre lié à l’épidémie : «En 2020, il était plus sûr de vivre à la campagne qu’en ville », note encore le CdR. D’une manière générale, les zones rurales se sont montrées plus résilientes que les zones urbaines, avec un taux de surmortalité supérieur dans les secondes, malgré des territoires a priori mieux dotés pour faire face aux urgences, notamment en nombre de lits d’hôpitaux.

Alors que les gouvernements centraux sont un peu partout intervenus pour atténuer les effets de la crise sur les collectivités, c’est un autre spectre qu’agite le CdR : les mesures d’austérité qui pourraient suivre pour combler la hausse des dettes publiques, dans un scénario similaire à celui qui a suivi la crise financière de 2007-2008. «Cela avait fortement affecté le niveau local et régional, responsable d’environ un tiers des dépenses publiques totales et de plus de la moitié des investissements publics dans l’Union européenne (UE) », rappelle le CdR : les investissements publics infranationaux avaient baissé de plus de 25 % dans les années qui ont suivi la crise financière.

« Sacrifier à nouveau les investissements publics pour compenser les coûts de la crise aurait des effets néfastes sur la capacité des collectivités régionales et locales à fournir des services aux citoyens », prévient le CdR, en relevant déjà des baisses d’investissement plus importantes que prévues de la part des collectivités locales françaises en 2020. Une évolution que le Comité se promet de suivre de près et dont il rendra compte précisément dans son prochain baromètre.

Ce baromètre local et régional, le deuxième du genre, confirme aussi de grandes tendances déjà mises en avant lors de l’édition 2020. Ainsi de la fracture numérique entre zones rurales et urbaines, qui reste importante un peu partout en Europe. Au point que le CdR plaide pour ajouter la «cohésion numérique » à l’objectif traditionnel de cohésion «économique, sociale et territoriale » de l’UE. Les chiffres collectés – au niveau de la couverture territoriale et de l’utilisation des outils numériques – montrent que seuls les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suède et la Belgique sortent véritablement du lot à cet égard.

La France, elle, est citée dans la liste des États où la couverture des zones rurales reste parmi les plus faibles en Europe – même si l’Île-de-France détient le record européen de «licornes », ces start-up dont la valeur marchande totale est supérieure à 1 milliard de dollars. En s’intéressant plus spécifiquement à la transformation numérique des PME – 99 % des entreprises de l’UE –, le baromètre conclut aussi à la nécessité de mieux prendre en compte les besoins particuliers des petites entreprises en milieu rural. À cet égard, l’approche du Grand Est, qui a mis en place un accompagnement pour accélérer la digitalisation des petites entreprises, est citée en exemple.
 

Ce que pensent les élus français
Le Comité européen des régions a interrogé quelque 3 300 élus régionaux et locaux européens sur l’avenir de l’Europe. Voici l’avis des élus français :
• 86 % pensent que les collectivités n’ont pas assez d’influence sur l’avenir de l’UE (moyenne UE : 65 %) ;
• 74 % estiment qu’introduire des éléments de démocratie participative (assemblées/panels de citoyens) renforcerait la démocratie dans l’UE ;
• 39 % ne sont pas au courant des activités liées à la Conférence sur l’avenir de l’Europe dans leur circonscription (moyenne UE : 43 %) et 59 % n’ont même jamais entendu parler de cette Conférence (UE : 46 %) ;
• Pour les domaines sur lesquels les collectivités aimeraient gagner en influence auprès de l’UE, le changement climatique arrive en tête en France (69 %, contre une moyenne UE de 59 %), puis la justice sociale et l’emploi (61 %), l’éducation, la culture, la jeunesse et le sport (39 %), la santé (31 %). La transition numérique n’est citée que par 16 % des élus (UE : 26 %).

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