Les maires prennent leur place au sein du Comité des régions
L'organe qui représente les collectivités locales a entamé son 7e mandat de cinq ans. Les représentants des maires confient leurs ambitions à Maires de France.
Pour les cinq prochaines années, les Français ont investi des fonctions clés au sein de l’institution. On compte notamment deux présidents de groupe politique : Christophe Rouillon, maire de Coulaines (72), élu président du groupe socialiste, et François Decoster, conseiller régional des Hauts-de-France et maire de Saint-Omer (62), président du groupe libéral Renew.
Le CdR fonctionnant, comme le Parlement européen, sur la base des appartenances politiques, la présidence d’un groupe y offre une véritable position de décision et d’influence. « C’est la première fois que nous avons deux maires français présidents de groupe. C’est de bonne augure pour l’influence française au sein de l’institution », se réjouit Christophe Rouillon, par ailleurs président de la commission Europe de l’AMF. D’autant qu’Isabelle Boudineau, vice-présidente de la Nouvelle-Aquitaine, a aussi été réélue à la tête de la commission pour la cohésion territoriale et le budget, l’influente « Coter ».
Ces trois-là connaissent la maison par cœur. Christophe Rouillon, qui entame son troisième mandat, y siège depuis 2008. «C’est important pour les maires d’avoir des élus qui ont une ancienneté. La crédibilité et l’influence dans les institutions européennes se bâtissent avec le temps, glisse-t-il. M’exprimer ici en tant que maire de Coulaines mais aussi en tant que président de la première association de maires d’Europe donne un poids politique réel à mon propos. »
« Porter l’ambition des territoires »
Maire de Morlaix (29), Agnès Le Brun, elle, découvre les lieux. Elle veut s’y investir « avec humilité et modestie comme un apprenant, sur tous les sujets ». L’ancienne députée européenne et actuelle vice-présidente de l’AMF, a choisi de siéger dans la « Coter » et dans la commission des Ressources naturelles. « On y débat des enjeux essentiels pour la France, comme l’avenir des Fonds de cohésion et de la politique agricole commune. » Si le CdR est, par excellence, le lieu de représentation des territoires, « l’objectif n’est pas d’avoir l’esprit de chapelle, insiste-t-elle cependant. Il s’agit plutôt de partir de l’expérience de sa propre région pour construire un projet commun, qui satisfait tous les territoires et qui est fondé en même temps sur la reconnaissance des particularités ».
Nouvelle également, Karine Gloanec Maurin, conseillère municipale à Couëtron-au-Perche (41), petite commune d’un millier d’habitants, fait part de sa fierté d’y représenter son «petit territoire rural. Cela a beaucoup de sens pour moi. Aujourd’hui, on a vraiment besoin d’avoir une parole européenne encore plus près des citoyens. » Elle a aussi fait un passage par le Parlement européen à la fin de la précédente législature. Un mandat qu’elle disait déjà avoir placé sous le thème de l’Europe des territoires. «Aujourd’hui, je peux dire que je reviens là où mon intérêt se porte vraiment, pour porter l’ambition des territoires. »
À l’heure où le fossé s’élargit entre l’Europe et ses citoyens, ces élus locaux se voient comme des relais. «On a une obligation de pédagogie, d’explication, de lien, de passerelle, pour faire rayonner l’Europe dans nos territoires, et nos territoires à Bruxelles », souligne Agnès Le Brun. Frank Proust, premier adjoint au maire de Nîmes (30) et lui aussi nouveau venu au CdR, abonde dans le même sens – «nous sommes des courroies de transmission ». Député européen pendant huit ans, il va cependant agir dans une instance sans aucun pouvoir législatif. Selon lui, le CdR doit aujourd’hui « prendre une autre dimension. Peut-être qu’il faut changer les codes, les façons de travailler. Au-delà de son rôle consultatif, le CdR doit être une force de proposition. Il faut aller vers le Parlement et la Commission pour qu’ils intègrent nos préoccupations, qui sont celles des citoyens, dans leurs réflexions. Le fait que l’on soit les porte-voix des territoires peut être une plus-value énorme. » Ce que pense aussi Christophe Rouillon. « Le CdR doit être plus politique. Il faut que l’on s’exprime très fort sur les sujets d’actualité. Dans le langage des femmes et des hommes de la rue, pas dans un langage crypté qui rend inaudible. Nous sommes d’abord des élus locaux et nous sommes à Bruxelles pour porter ce que nous entendons dans nos communes. »
(1) Gouverneur de la région de Macédoine centrale (Grèce), il succède à Karl-Heinz Lambertz (lire Maires de France, n° 376, février 2020,
pp. 20-21).
André Viola, président du département de l’Aude, dirige la délégation française au Comité des régions. Avec 24 membres sur un total de 329 – et une parfaite parité hommes-femmes – c’est, avec l’Allemagne et l’Italie, la plus grande délégation (1). Sur les 24 membres, 6 représentent les communes, 6 les conseils départementaux et 12 les conseils régionaux. Ces représentants, nommés pour cinq ans par le Premier ministre sur proposition des associations d’élus (AMF, ADF et Régions de France), perdront automatiquement leur siège s’ils perdent leur mandat électif.
(1) Lire Maires de France, n° 376, février 2020, p. 20.
Cet article a été publié dans l'édition :
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