Fin du réseau cuivre les communes s'impliquent
L'ADSL va définitivement disparaître d'ici à 2030. La fibre optique prendra le relais. Première étape : 162 communes seront concernées dès le 31 janvier 2025.
Le plan de fermeture du cuivre d’Orange fonctionne «selon une logique de lots annuels de communes ». Le premier lot a été annoncé en décembre 2022 et concerne 162 communes. Pour ces communes, le réseau cuivre historique, qui fournit le téléphone, internet et la télévision, n’existera plus au 31 janvier 2025 et sera remplacé par la fibre optique.
Mais cette transition ne se fait pas toute seule. Les élus de ces communes ont dû se saisir de ce dossier dont l’enjeu est de taille, notamment pour qu’aucun administré ne se retrouve sans solution à la date butoir, tout en demandant à l’État et à l’opérateur de relayer leurs efforts dans l’accompagnement des usagers (lire ci-dessous).
Déploiement de la fibre : le temps presse
C’est la priorité : «Pour que la fermeture du réseau cuivre soit une réussite, il faut aussi que les réseaux fibre soient déployés », souligne l’Arcep, le gendarme des télécoms, et que donc chaque commune atteigne un taux de déploiement de 100 %, c’est-à-dire que tous les locaux identifiés puissent être raccordés à la fibre. À quelques mois maintenant de cette fermeture, les communes ne sont pas loin d’atteindre cet objectif mais des disparités existent.
Pour la commune d’Aizenay (10 350 habitants, 85), «la partie déploiement fibre n’est plus une question », selon Fabrice Praud, collaborateur de cabinet de la ville, qui rapporte que le taux de déploiement atteint aujourd’hui 98,91 %. Du côté de Vendée numérique (réseau d’initiative publique qui déploie la fibre dans le département), on confirme bien que «le taux de 100 % d’adresses éligibles sera atteint bien avant l’échéance du 31 janvier 2025 sur les communes du Poiré-sur-Vie et d’Aizenay » – communes du lot 1.
Cependant, toutes les communes du lot 1 n’ont pas forcément cet avantage. À Darazac (142 habitants, 19), le taux de couverture est à «plus de 80 % », selon l’Arcep, mais «même si ça s’est amélioré, on n’est pas à 100 % », rapporte le maire, Joël Beynel. À Fontaine-au-Bois (59), qui fait aussi partie du lot 1, le taux de couverture est également aujourd’hui «à plus de 80% », selon l’Arcep. Jusqu’à l’année dernière encore, la mairie elle-même et l’école n’étaient pas fibrées.
La bascule du cuivre vers la fibre ne peut se faire sans le travail des élus sur place, comme le démontre cette phase du lot 1. À Darazac, «l’information a bien été passée à nos administrés sur le sujet et aux propriétaires de maisons car on a aussi des résidences secondaires sur la commune », indique le maire. La mairie a notamment insisté sur la fameuse date arrêtée pour la disparition du cuivre.
Corinne Moreau, conseillère municipale chargée du dossier fibre dans la commune de Fontaine-au-Bois (695 habitants, 59), explique que la mairie «a fait énormément de communication par mail, mais aussi plusieurs fois dans le bulletin municipal. On en parle aussi régulièrement par exemple lors des repas des aînés ». Le plus compliqué est de sensibiliser les publics les plus éloignés d’internet, indique-t-elle, notamment les personnes isolées et/ou âgées.
Problème : au niveau de la commune, aucune information n’est transmise sur «qui a la fibre et qui ne l’a pas encore ». Et comme il ne faut oublier personne, la solution reste souvent le porte-à-porte. Ce regret sur le manque d’informations transmises aux collectivités est partagé en Vendée : «Vendée numérique et les services du département ont demandé à pouvoir avoir accès aux fichiers de l’opérateur Orange pour pouvoir cibler les déploiements », indique Fabrice Praud. Car il ne fait aucun doute qu’en cas de problèmes, ce sont les collectivités qui vont devoir gérer le mécontentement.
Un travail de pédagogie sur le terrain
La commune d’Aizenay a notamment mis en place avec Vendée numérique des permanences en mairie, ce qui a permis d’accueillir 120 personnes au total. «La ville mène aussi des actions pour sensibiliser les acteurs sociaux et les associations locales à travers un questionnaire sur les conseils pratiques concernant la fin du réseau cuivre à Aizenay », explique Fabrice Praud ajoutant que si la partie technique fonctionne bien, le «plus difficile c’est l’information des personnes ».
« La plus grosse difficulté est de faire comprendre aux personnes que la fibre ne veut pas dire uniquement internet, témoigne Corinne Moreau. Souvent, les personnes âgées me répondent “je n’ai pas besoin d’internet donc je ne veux pas la fibre” ». « On a aussi beaucoup de personnes âgées dans la commune et c’est compliqué de leur expliquer que demain ils n’auront plus de téléphone », raconte le maire de Darazac.
Pour rappel, le réseau cuivre historique, fournit le téléphone, internet et la télévision. Concrètement, une fois le cuivre fermé, si la personne utilise un service de téléphonie fixe et/ou d’internet ADSL connectés via une prise en T, plus rien ne fonctionnera chez elle. La solution est donc de migrer vers la fibre.
À Darazac, le maire recense actuellement «66 % d’installations de boîtiers fibre » dans la commune. À Aizenay, le taux de commercialisation est à 77,77 % alors qu’il était autour de 60 % en 2022 : «on augmente environ de deux points par trimestre », précise Fabrice Praud qui indique qu’ils vont désormais devoir aller toucher les personnes qui n’ont pas internet mais qui ont de la téléphonie fixe. Dans les faits, tout le monde n’aura pas la fibre. « Le déploiement de la fibre suit son cours mais on ne peut pas obliger les habitants à prendre un abonnement à la fibre », pointe le maire de Darazac. Les propriétaires de résidences secondaires, par exemple, ne souhaitent pas forcément installer la fibre. Pour les maisons isolées géographiquement, qui nécessitent des travaux conséquents en raison de raccordements complexes, des solutions basées sur la 4G sont souvent choisies à la place de la fibre, car moins coûteuse.
Dans toutes ces communes, quel que soit le choix des habitants, les élus ont veillé à ce que les administrés puissent prendre leurs dispositions suffisamment tôt afin d’éviter « que tout le monde s’y prenne au dernier moment », souligne le maire de Darazac, Joël Beynel, au risque de rallonger les délais d’attente et de laisser certains foyers « sur le bord de la route », sans internet et sans téléphone.
Si l’État a lancé, l’année dernière, la plateforme treshautdebit.gouv.fr (une rubrique est dédiée aux élus locaux) et publié, en juillet, avec l’AMF, Villes de France et l’Avicca un «mémento » pour les maires sur la fermeture du cuivre, cela reste insuffisant. Les associations d’élus demandent depuis plus d’un an la mise en place d’une instance tripartite neutre, État, associations de collectivités locales et opérateurs pour accompagner les usagers et les élus dans cette bascule du cuivre vers la fibre (campagne d’information nationale, numéro vert…).
Ce système n’a pas été réalisé », regrette Michel Sauvade, co-président de la commission numérique de l’AMF, estimant que «le maire n’a pas à prendre à sa charge la communication des opérateurs ». Pour les élus, la communication en direction des habitants doit aussi être laissée à l’appréciation du maire. L’AMF rappelle régulièrement à Orange et au gouvernement qu’il n’appartient pas aux communes de prendre en charge les coûts occasionnés par cette communication (éditions des flyers, des plaquettes d’information, des affiches… ).
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