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13/10/2025 OCTOBRE 2025 - n°438
Jeunesse Ruralité

Plouha (Côtes-d'Armor) veut "fabriquer du commun" avec sa maison des jeunes et de la ruralité

La commune du département des Côtes-d'Armor (4 677 habitants) a ouvert la première « maison des jeunes et de la ruralité » (MJR) à l'été 2025.

Par Emmanuelle Stroesser
La maison des jeunes et de la ruralité (1 000 m²) comprend une scène ouverte où les premiers concerts ont été donnés cet été.
© Emmanuelle Stroesser
La maison des jeunes et de la ruralité (1 000 m²) comprend une scène ouverte où les premiers concerts ont été donnés cet été.
Le département des Côtes-d’Armor, déjà réputé pour la densité de maisons des jeunes et de la culture (MJC), en compte une nouvelle sur la commune de Plouha (4 677 habitants). Rebaptisée en «maison des jeunes et de la ruralité » (MJR), sa scène ouverte a été inaugurée début juillet, à l’occasion de la convention nationale des maisons des jeunes et de la culture, organisée sur plusieurs sites du pays de Saint-Brieuc.

Son décor ressemble à une grange aménagée. Ce n’est pas un simple artifice décoratif. La municipalité a fait en sorte que la structure conserve l’esprit du site de l’ancienne coopérative agricole sur lequel elle a été reconstruite. 1 000 mètres carrés d’espaces où les baby-foot, jeux de société, tables de ping-pong ont remplacé les céréales. L’espace est lumineux, la hauteur sous charpente a été conservée. Pas de bureaux ni de grandes pièces fermées. Ici, tout est vitré, les pièces arrondies, les poteaux apparents.

« D’une ancienne coopérative agricole, on a voulu faire une coopérative à fabriquer du commun », explique le maire Xavier Compain. «La ruralité a tellement à partager pour faire société et fraternité ! » Le projet a émergé en 2016. «Nous n’avions pas de lieu à proposer à la centaine d’associations ni aux jeunes, dont 800 se rendent tous les jours à Plouha au collège situé à 50 mètres de la MJR.

Le projet est parti de cette idée, conjuguée à l’opportunité de cette friche, en train de pourrir sur pied », raconte le maire. Cela s’est construit comme un puzzle, pièce par pièce, patiemment (avec une «interruption à cause du Covid-19 ») mais avec détermination.

Dans un espace attenant à la scène, du matériel et des machines agricoles sont entreposés. Ils appartiennent à l’une des associations hébergées par la MJR et spécialisées dans la préservation du patrimoine, «Vieux métiers, vieux outils ». «Tout le monde a été associé à la création de ce lieu et tout le monde doit y trouver sa place si nous voulons que la population se l’approprie », explique le maire. D’autres associations (ludothèque, musique, etc.) se sont donc installées dans une partie du bâtiment, inauguré en juillet 2024.
 

Faire revivre les foyers ruraux

« En fait, nous n’inventons rien. Il y avait des foyers ruraux, mais nous les faisons revivre. Dans ce monde où certains cherchent à mettre des barrières entre les publics, où la parole politique devient aseptisée, où le prêt-à-penser se consomme comme une boisson lyophilisée, j’estime que l’éducation populaire devient une mission de service public », argumente le maire. C’est la raison qui a poussé la commune à s’adresser à la fédération régionale MJC Bretagne-Pays de la Loire pour l’animation du lieu.

Plouha a signé une convention de trois ans avec la fédération pour la mise à disposition d’une directrice, employée de la fédération MJC. Émilie Le Guyader a pris ses fonctions en avril 2025. Elle a été rejointe par deux agents municipaux, l’une pour animer l’espace jeune, qui a ouvert cet été, l’autre pour s’occuper du pôle vie sociale, accessible depuis septembre.

Le premier été, le pôle «adolescents » a été fréquenté par une trentaine de jeunes de 11 à 17 ans. «Un bon début », relève la directrice. Encouragée par le fait que «sept jeunes sont revenus à la rentrée pour tenir le stand et représenter la MJR au Salon des associations, un autre bon signe de leur envie de s’engager », remarque-t-elle. Le pôle vie sociale sera, lui, tourné vers l’accompagnement de projet des 16/25 ans et, plus largement, «vers l’animation territoriale », précise la directrice. «La volonté de la municipalité est que la MJR se construise avec les personnes, qu’elles aient envie de l’investir et ensuite de la faire vivre. » L’idée étant qu’elle prenne un jour son autonomie, et quitte le giron municipal pour devenir une association.
 

Un réseau vivant mais inquiet  
Une maison des jeunes et de la ­culture (MJC) «est un lieu où se crée des opportunités, où l’on apprend à se confronter aux autres, mais où l’on est aussi accueilli », résume le président de MJC de France, Jean-Yves Macé. La moitié des 1 000 MJC seraient rurales et les autres urbaines. Leur modèle économique repose en moyenne sur 52 % de subventions publiques et 48 % d’autofinancement. Les MJC ont été ­fragilisées ces dernières années par l’inflation et les baisses de subventions. En 2023, une MJC sur deux était en déficit. 

 

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