Le magazine des maires et présidents d'intercommunalité
Maires de France

Interco et territoires
01/01/1970 - JANVIER 2022 n°397
Intercommunalité Social

Un CIAS au plus près des habitants

Les élus de Carnelle Pays-de-France (19 communes, 31 500 hab., Val-d'Oise) ont mis en place un service public social itinérant.

Emmanuelle Stroesser
Le bus itinérant a permis de toucher les habitants éloignés des services sociaux, qui ont pu ainsi accéder à leurs droits.
© CIAS de Carnelle
Le bus itinérant a permis de toucher les habitants éloignés des services sociaux, qui ont pu ainsi accéder à leurs droits.
Les élus de ce vaste territoire rural du Val-d’Oise, entre Cergy et Roissy, ont commencé par réfléchir à l’intérêt de construire une politique sociale à l’échelle de leur intercommunalité. Le déclic est provoqué par la fusion de deux EPCI en 2017 formant la nouvelle communauté de communes Carnelle Pays-de-France. Tous les maires ne sont alors pas forcément convaincus qu’il y a des besoins sociaux chez eux. Mais ils souhaitent apporter une plus-value aux habitants.

La méthode de travail est pragmatique avec la création d’une commission social/petite enfance, en n’oubliant pas d’élargir la concertation à d’autres interlocuteurs (département). Le constat est rapide. «Il existait vraiment des zones blanches d’un point de vue social sur une majorité de communes, notamment sur le suivi du RSA, ou le traitement des dossiers de MDPH (maison du handicap) », pointe Christiane Aknouche, maire de Baillet-en-France et vice-présidente de la communauté de communes Carnelle Pays-de-France. Ici, seules neuf communes sur 19 disposent d’un centre communal d’action sociale (CCAS), dont seuls quatre assuraient le suivi du RSA par exemple. Les maires des plus petites communes, très souvent, assurent le secrétariat de mairie en même temps que la fonction d’assistante sociale. Sans forcément en avoir les compétences ni le talent. «Malgré la bonne volonté, beaucoup pouvaient se trouver démunis face à certaines situations », se souvient l’élue. D’autres ne les voyaient simplement pas.
 

Un relais entre usagers et services sociaux

Les élus ont ensuite travaillé en ateliers, avec le soutien de l’Union nationale des CCAS et CIAS (Unccas), venue les aiguiller pour construire leur réponse. «C’est là que le choix de l’itinérance nous a semblé le plus adapté. » Le «bus des services » était (presque) né. Ne manquait que la structure pour le porter, d’où la création du CIAS, opérationnel depuis le 1er janvier 2019.

Le bus, itinérant depuis début 2020, a été préféré à des permanences tournantes dans les mairies, pour toucher un public plus large (il peut être difficile de faire franchir le pas d’une permanence sociale). «C’est bien le but », sourit Christiane Aknouche : que tout à chacun ose grimper les deux marches… Cela fonctionne car sa fréquentation ne cesse de grimper. La leur affiche même aujourd’hui «complet », glisse la coordinatrice du CIAS, Virginie Ventimiglia. À raison, en moyenne, de 80 rendez-vous par semaine.

Le nombre de bénéficiaires de RSA a grimpé, lui, dès la première année, de 172 à 250, malgré les périodes de confinement dues à la pandémie. «On a révélé comme on a créé le besoin », estime l’élue. Le bus a aussi su valoriser sa palette d’intervention en décrochant deux labels, celui de point conseil budget (PCB), et de France Services. «En fait, nous avions développé un partenariat avec la caisse d’allocations familiales, la MSA, des organismes de retraite, donc cela n’a presque été qu’une formalité », explique Christiane Aknouche. La vocation sociale du bus, chère à l’élue, a été renforcée par le recrutement, cet été, d’une assistante sociale (obligatoire dans le cahier des charges des PCB). En revanche, le niveau de subvention ne permet pas de compenser la rémunération. «L’investissement social témoigne d’une volonté politique claire », souligne-t-elle.

Quant au public qui fréquente le bus, il ne répond à aucun profil, encore moins à un stéréotype, assure Virginie Ventimiglia : «J’ai encore reçu une dame avec un bon emploi, un bon revenu, mais qui est perdue dans les démarches administratives. À l’inverse, nous accueillons des personnes qui n’ont pas de forfait internet et pas les moyens d’avoir un smartphone que nous aidons dans toutes les démarches dématérialisées. » Le CIAS vient d’ailleurs de recruter un conseiller spécialisé sur le numérique. Il partagera son temps entre le CIAS et les communes.
 

Un investissement limité
Sur le financement du bus, «je m’étais engagée auprès de mes collègues à ce qu’il ne nous coûte pas trop cher. Nous avons réussi », indique l’élue, Christiane Aknouche. Le bus a été acquis pour 128 122 euros dont 102 740 euros pour l’achat du véhicule et 12 540 euros de matériel informatique. La communauté de communes a notamment reçu des subventions de l’État (30 000 euros au titre des maisons France services mobile), de la Banque des territoires (30 000 euros) et du syndicat mixte du Val-d’Oise (6 000 euros).


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Cet article a été publié dans l'édition :

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