Travailler avec... les Fredon

Très décentralisé, le réseau sanitaire met au service des collectivités des experts de la protection de l'environnement... et des humains.

Par Véronique Vigne-Lepage

À Bessay-sur-Allier (03), des élus ont assisté à une démonstration pour traiter les espaces extérieurs sans produits phytosanitaires, en présence d'un expert local de la Fredon.

Missions

Nés à la fin du XIX^e siècle pour lutter contre le doryphore et le phylloxéra qui mettaient en péril l’alimentation humaine, Fredon France et son réseau en régions sont restés des acteurs-clés du concept aujourd’hui nommé «One health » (une seule santé).

Au titre des «organismes à vocation sanitaire » (OVS), les Fredon (Fédérations régionales de lutte et de défense contre les organismes nuisibles) sont mandatés par les ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé pour assurer la surveillance des risques liés à des virus, bactéries, champignons et autres insectes qui peuvent affecter le patrimoine végétal.

Mais leur champ d’intervention s’étend aussi à la santé environnementale – celle des espaces verts gérés par les communes, les campings… – et à celle des humains lorsqu’elle est affectée par certaines espèces.

Organisation

La structuration du réseau est issue de son histoire, qui a vu des syndicats professionnels locaux se fédérer. Le nom de Fredon n’est plus un acronyme mais la marque commune à 18 fédérations régionales (« les Fredon ») et à leurs 70 sites locaux ou fédérations départementales des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDON).

Comme Fredon France, qui les coordonne, chaque entité a un conseil d’administration composé d’agriculteurs, d’élus locaux et autres gestionnaires d’espaces végétaux. Le réseau emploie plus de 600 permanents – ingénieurs ou techniciens en gestion des aménagements paysagers ou en agronomie, entomologistes...

Actions

Le réseau accompagne la mise en œuvre de plans nationaux : Fredon France gère ainsi l’Observatoire des ambroisies et ses fédérations régionales aident les communes à mettre en place le plan de gestion en la matière, obligatoire depuis 2017 (lire notre article). Elles le font aussi pour le plan de défense contre le frelon à pattes jaunes (dit «asiatique »).

Mais chaque Fredon décide aussi d’actions sur des problématiques propres à son territoire. Celle d’Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, recrute chaque année des saisonniers qui aident à parcourir les rangs de vigne pour détecter tout foyer de flavescence dorée. Cette fédération bénéfice aussi de financements complémentaires de l’agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes pour la lutte contre l’ambroisie, très répandue dans cette région.

Sébastien Gratier, responsable du pôle
santé environnement de la Fredon Auvergne-Rhône-Alpes

« Nous formons les techniciens des collectivités pour qu’ils détectent les espèces exotiques envahissantes et nous alertent en cas de besoin.

Nous arrivons à sensibiliser aussi quelques élus sur la gestion plus naturelle et plus durable des espaces extérieurs, mais nous aimerions en accueillir davantage pour leur faire comprendre les enjeux et parce que leurs agents sont limités dans leur travail s’ils n’ont pas leur feu vert politique et financier.

Nous travaillons aussi de plus en plus à l’échelle intercommunale, pour une question de cohérence des actions à l’échelle des territoires. »

Bessay-sur-Allier : préserver la biodiversité

Élu maire de Bessay-sur-Allier (1 384 habitants, 03) en 2020, Didier Paqueriaud a poursuivi la politique de ses prédécesseurs en faveur de la biodiversité. Le village avait adhéré, dès 2011, à la Fredon Auvergne-Rhône-Alpes pour être aidé et les échanges continuent depuis.

Premier sujet visé, bien avant que la loi n’en fasse une obligation : le «zéro phyto ». Accompagnés par un expert local de la Fredon, élus et agents techniques ont découvert la gestion différenciée des espaces verts, qu’ils mettent en œuvre depuis peu dans le cimetière. «Il faut beaucoup de communication mais heureusement, le conseiller de la Fredon accepte volontiers de venir nous aider pour les réunions », témoigne le maire, qui participe désormais à l’arrachage manuel des mauvaises herbes.

Élus et agents ont aussi appris à repérer l’ambroisie et à savoir quand demander aux agriculteurs de l’arracher. «Il faut des agents techniques qui partagent ces objectifs car ceux-ci leur compliquent le travail, observe-t-il. Mais avec l’aide de la Fredon, ils sont aussi montés en compétences. »

Contact : Fredon France - Sébastien Gratier, Fredon Auvergne-Rhône-Alpes : Tél. 04 37 43 40 70 - [email protected]

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°438 - OCTOBRE 2025

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