Accessibilité. Comment accélérer ?
Près de vingt ans après la loi de 2005 sur les droits des personnes handicapées, les collectivités disposent de plusieurs outils pour remplir leurs obligations.
Au cœur de cette charte : l’école inclusive, l’emploi des personnes handicapées, l’accessibilité universelle et l’amélioration de l’offre médico-sociale.
Une nouvelle échéance est fixée : rendre accessibles, d’ici à 2027, tous les établissements recevant du public (ERP) de l’État et des collectivités et toutes les démarches numériques de services publics. Le 20 septembre 2023, lors du Comité interministériel du handicap, des précisions ont été apportées sur la feuille de route gouvernementale, avec l’ambition d’accélérer à quelques mois des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
I - Établissements recevant du public
Un ERP doit être accessible au niveau de l’entrée, l’accueil, les circulations, la signalétique, la prestation fournie et, le cas échéant, les cabines, les sanitaires et le parking. Doté de 300 millions d'euros sur cinq ans et géré par l’Agence de services et de paiement, un Fonds territorial d’accessibilité est ouvert, depuis octobre (décret n° 2023-993 du 27/10/2023, lire Maire info du 30/10), pour permettre aux «ERP du quotidien » privés (commerces, cafés, pharmacies, cabinets médicaux…) d’obtenir une aide financière pour réaliser des travaux (installation d’une rampe d’accès, d’une main courante pour guider les personnes aveugles ou malvoyantes… ). L’État prendra en charge 50 % des dépenses, jusqu’à 20 000 euros.
Pour rendre accessibles leurs propres bâtiments, les collectivités territoriales bénéficieront, elles, de financements ciblés dans le cadre des dotations de soutien à l’investissement habituelles (DSIL, DETR et DSID), à hauteur de 100 millions d'euros par an pendant cinq ans. En 2024, une priorité sera donnée aux «collectivités les plus fragiles financièrement », selon des critères définis par le préfet.
II - Mobilité et espaces publics
L’enjeu, d’autant plus crucial à l’heure du vieillissement de la population, est de permettre à toute personne handicapée et/ou à mobilité réduite de circuler sans difficulté, d’accéder à tous les espaces de la commune ou encore de se reposer.
Les communes de plus de 1 000 habitants sont tenues d’élaborer un plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (Pave) ; les intercommunalités sont compétentes si un transfert de la compétence Pave a été acté. Ce plan concerne l’ensemble de la voirie présente sur le territoire communal, quel que soit le gestionnaire. Il s’agit de réaliser un état des lieux de l’accessibilité, d’établir des priorités et une programmation des actions.
L’implication de tous les acteurs concernés et des usagers peut s’organiser au sein des commissions communales pour l’accessibilité aux personnes handicapées (CCAPH) ou intercommunales (CIAPH), obligatoires dans les communes et les EPCI compétents en matière de transports ou d’aménagement de 5 000 habitants et plus.
Concernant le stationnement, un minimum de 2 % des places sur des voies ouvertes à la circulation publique et de 2 % des places de parking des ERP doivent être réservées aux titulaires d’une carte européenne de stationnement ou d’une carte mobilité inclusion (CMI). «L’électrification des véhicules adaptés pose obligatoirement la question des bornes de recharge, un texte est en préparation sur ce sujet », mentionne Isabelle Saurat, déléguée interministérielle à l’Accessibilité (DIA, lire ci-dessous).
En matière de transports publics, les EPCI, qui sont autorités organisatrices de la mobilité, sont surtout concernés par la mise en accessibilité des points d’arrêt définis comme prioritaires. «Les chauffeurs de car ne sont pas systématiquement informés lorsqu’un point d’arrêt a été rendu accessible. Il y a un enjeu d’amélioration de l’articulation entre tous les acteurs pour plus d’efficacité », souligne la DIA.
III - Communication
L’information sur le niveau d’accessibilité des infrastructures est indispensable à l’autonomie des personnes handicapées. En vertu de la loi d’orientation des mobilités de 2019, les collectivités doivent collecter, d’ici à décembre 2023, les données d’accessibilité des transports et de la voirie pour alimenter des applications destinées aux usagers.
Les CCAPH et CIAPH doivent aussi utiliser ces données pour programmer les travaux d’accessibilité. Concernant les ERP, l’État encourage les collectivités et acteurs privés à renseigner la plateforme collaborative en données ouvertes «Acceslibre ».
IV - Numérique et téléphonie
Pour accélérer le chantier de mise en accessibilité des sites internet des administrations, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a été récemment habilitée à attribuer des sanctions (jusqu’à 50 000 euros).
Concernant les sites internet, intranet et extranet, ce nouveau régime s’appliquera en 2024 à l’État, en 2025 aux «principales collectivités » (dont les communes de 40 000 habitants et plus) et, en 2026, à toutes les collectivités (lire www.mairesdefrance.com/597 et www.mairesdefrance.com/1649). En 2026, les applications mobiles, les progiciels et le mobilier urbain numérique seront aussi concernés.
Actuellement, sur le site de la Direction interministérielle du numérique, un outil de diagnostic permet d’évaluer le niveau d’accessibilité d’un site. Les collectivités peuvent ensuite former l’agent dédié à cette mission et/ou demander la réalisation de mises à jour par un prestataire compétent.
La mise en œuvre de l’obligation d’accessibilité téléphonique, qui s’impose à tous les services publics, demeure insuffisante. L’ordonnance n° 2023-857 du 6 septembre 2023 (JO du 7/09) prévoit une «solution d’accessibilité téléphonique universelle » qui pourrait être prochainement créée et mutualisée entre les administrations et entreprises soumises à l’obligation.
V - Emploi
Même s’il a baissé, le taux de chômage des personnes handicapées était de 12 % fin 2022, selon l’Agefiph, contre 7 % de la population active au total. Toute collectivité d’au moins 20 agents (ETP) est tenue d’employer au moins 6 % de personnes en situation de handicap, de déclarer chaque année ces emplois et, en cas de non-respect des 6 %, de verser une contribution au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP, lire www.mairesdefrance.com/654 et www.mairesdefrance.com/1751).
Ce dernier apporte des aides aux employeurs publics, en finançant par exemple des dispositifs d’emploi accompagnés (DEA). Dans la charte en faveur de l’accessibilité signée en avril dernier, l’État et les collectivités s’engagent aussi à recruter au moins 6 % d’apprentis en alternance en situation de handicap.
Isabelle Saurat, déléguée interministérielle
à l’Accessibilité
« Solliciter le sous-préfet “handicap et inclusion” »
Une collectivité qui n’a pas de personnel dédié peut s’adresser au sous-préfet “référent handicap et inclusion” pour bénéficier de l’appui d’un “ambassadeur de l’accessibilité” – un jeune en service civique rattaché aux services de l’État. Ces jeunes volontaires sont chargés de sensibiliser tous les acteurs et de répertorier, sur la plateforme Acceslibre, les ERP accessibles et comment ils le sont.
Si on met autour de la table les élus, le sous-préfet “handicap et inclusion” et ces jeunes, on peut, sur une collectivité, aller assez vite pour identifier ce qui a déjà été fait et ce qu’il reste à faire concernant les ERP mais aussi la voirie, etc. Présent dans chaque département, le sous-préfet “handicap et inclusion” fait le lien avec les administrations de l’État. C’est le premier interlocuteur des collectivités. »
Le gouvernement prévoit de créer un nouveau métier d’« assistant à la réussite éducative » pour permettre aux accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) qui le souhaitent de se voir confier d’autres missions pour trouver un emploi à temps plein.
Autre nouveauté à venir : le déploiement de 3 000 équipes médico-sociales dans les écoles pour limiter les déplacements des élèves ayant des rendez-vous réguliers de santé.
• Les fiches du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
• Le guide de la Délégation ministérielle à l’accessibilité (DMA) sur la collecte des données d’accessibilité
• L’outil de diagnostic de la Direction interministérielle du numérique (Dinum) pour évaluer l’accessibilité d’un site internet
• Le cahier des charges du Fonds territorial d’accessibilité
• Le site du FIPHFP
• Les outils de l’association APF France handicap
Raccourci : mairesdefrance.com/2437
Cet article a été publié dans l'édition :
- Retraite : des changements pour les élus
- Congrès des maires 2023. Créer une commune nouvelle pour anticiper l'avenir
- Congrès des maires 2023. Plans communaux de sauvegarde : une obligation, mais surtout une occasion de se préparer
- Protection sociale complémentaire: n'attendez pas pour vous lancer !
- Assurances. Un système à bout de souffle
- David Lisnard : « Les communes sont le premier kilomètre de l'action publique »
- Les échos d'avant-congrès 2023
- Arrêt du cuivre : communiquer pour réussir la transition
- Développement local. Le soutien de l'Europe est essentiel
- Zones rurales : le Comité des régions alerte
- Constitution de partie civile : une note de l'AMF
- Des webinaires thématiques AMF-DAD
- AMF 35 - Accessibilité et sécurité des ERP
- Sept présidents d'associations départementales élus sénateurs
- Les associations départementales au 105e Congrès de l'AMF
- Zones à faibles émissions. Les élus inquiets
- Drôme. Mobilisation face au loup
- Funéraire : une mission " sociale" sur l'ensemble du territoire
- Quelle est l'évolution des quotes-parts de TVA revenant aux intercommunalités en compensation de l'ex-THRP intercommunale et de la CVAE en 2023 et 2024 ?
- Préserver l'engagement des sapeurs-pompiers volontaires
- Floure est devenue une " Terre de Jeux "
- TZCLD : les territoires zéro chômeur font école
- Le Saint-Quentinois (Aisne) a installé son référent laïcité
- Alzheimer : une colocation " comme à la maison "
- À La Laigne (17), après le séisme, une reconstruction éprouvante
- Elle anime sa commune avec une ludothèque
- Accessibilité. Comment accélérer ?
- Écoles : les plans particuliers de mise en sûreté
- Modérer l'exposition des habitants aux ondes électromagnétiques
- Risque incendie : les principales dispositions de la loi du 10 juillet 2023
- Travailler avec... le Centre national du livre
- Économie. Garantir l'accès aux espèces
- Gens du voyage : compétences et obligations des collectivités
- Développement économique. La loi pour soutenir l'industrie verte
- Aides à l'électrification rurale : ajustements des crédits pour 2023
- Planification écologique : les règles de territorialisation détaillées
- Culture. Le nouveau schéma national d'orientation des conservatoires
- Risques majeurs : information préventive
- Emballages et papiers : nouvelles dispositions en 2024
- Constructions démontables : pas d'autorisation d'urbanisme
- ERP : alerte des secours
- Déontologie des élus. Quels moyens pour la renforcer ?
- Protection des élus : comment réagir après une agression
- Le maire et l'arrêté provocateur
Maires de France est le magazine de référence des maires et élus locaux. Chaque mois, il vous permet de décrypter l'actualité, de partager vos solutions de gestion et vous accompagne dans l'exercice de votre mandat. Son site Internet, mairesdefrance.com, vous permet d’accéder à toute l'information dont vous avez besoin, où vous voulez, quand vous voulez et sur le support de votre choix (ordinateur, tablette, smartphone, ...).