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Maires de France

Interco et territoires
28/05/2025 MAI 2025 - n°434
Agriculture Environnement Europe Intercommunalité

La Roche aux Fées replante des haies

La communauté de communes (35) veut restaurer l'écosystème agricole et les paysages.

Par Olivier Brovelli
Lors d'un chantier participatif en 2022, des collégiens de Martigné-Ferchaud ont planté des haies. Léa Legentilhomme, technicienne bocage 
(au 1er plan), les a guidés.
© Roche aux Fées Communauté
Lors d'un chantier participatif en 2022, des collégiens de Martigné-Ferchaud ont planté des haies. Léa Legentilhomme, technicienne bocage (au 1er plan), les a guidés.
Depuis 1950, la destruction des haies en Bretagne a été massive et continue. Motivé par le productivisme, la mécanisation, les cultures céréalières et l’agrandissement des fermes, le remembrement a fait place nette. En cinquante ans, l’Ille-et-Vilaine a perdu entre 50 % et 80 % de ses haies. Cette hécatombe a eu un impact colossal sur la biodiversité, la qualité des sols et la gestion de l’eau. Tant bien que mal, la tendance s’inverse.

Depuis 2017, le programme européen «Breizh Bocage », géré par la région Bretagne et financé par les crédits du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) et des crédits régionaux, cofinance en effet la restauration du maillage bocager engagé par les collectivités et leurs groupements. Ces dix dernières années, environ 6 000 km de haies ont ainsi été replantées en Bretagne avec la participation de 20 % des exploitations agricoles.

En Ille-et-Vilaine, Léa Legentilhomme, technicienne bocage à la communauté de communes Roche aux Fées (16 communes, 27 950 hab.), a fait du replantage des haies son métier. Bottes aux pieds en toute saison, la jeune femme redessine des parcelles comme avant, bordées de merisiers, noisetiers, saules ou prunelliers. La technique est rodée. «On plante perpendiculairement à la pente, de préférence dans le bas, proche des cours d’eau ou sur le versant. Notre premier critère, c’est la qualité de l’eau, très dégradée. »

Il faut toutefois convaincre les agriculteurs de jouer le jeu. «C’est toujours difficile d’accepter de perdre un bout de champ, de ne pas cultiver. Quand on est seul sur l’exploitation, les haies sont une charge d’entretien », admet Patrick Henry, maire de Martigné-Ferchaud, l’une des trois «communes pôles » de la communauté avec Janzé et Retiers. Vice-président de la communauté, il est lui-même agriculteur. «J’ai été mauvais élève. J’ai dégagé pas mal de pommiers. Maintenant, je replante et regarnis. Je pense aux générations futures. »

Les vertus écologiques du bocage ne sont plus à démontrer. Les haies offrent le gîte et le couvert à la faune sauvage. Elles fournissent de l’ombre aux troupeaux. Elles limitent l’érosion des sols. Elles retiennent l’eau, limitant le risque d’inondations et la pollution des rivières. «On négocie parfois. On peut autoriser un agriculteur à abattre des arbres s’il en replante ailleurs », explique Léa Legentilhomme.  
 

Écologie et énergie

L’entretien durable des talus, valorisés en bois énergie, offre un complément de revenu significatif aux agriculteurs. Mise en service en 2023, une plateforme de stockage de 1 000 tonnes a été installée à Martigné-Ferchaud, approvisionnée par une dizaine d’exploitations situées à 30 km à la ronde. Séché pendant six mois, le bois de bocage déchiqueté alimente les réseaux de chaleur des communes voisines et notamment trois chaufferies au bois connectées à une maison de retraite, des salles de sport et des écoles.

Autour de Retiers, des initiatives citoyennes relaient désormais la mobilisation des élus. Créée en 2024, l’association «Martign’haies » rassemble des bénévoles pour entretenir les jeunes haies. «Breizh Bocage assure un suivi de trois ans après la plantation. Puis plus rien, regrette Jean-Marie Gaigeot, paysan à la retraite. Or la haie, c’est du temps long. L’entretien reste une tâche laborieuse. L’agriculteur n’en voit pas forcément la nécessité. » L’association montre la technique, espérant (re)enraciner les bonnes pratiques.

De son côté, Léa Legentilhomme replante environ 15 km de haies par an grâce au programme Breizh Bocage. Mais rien qu’à Martigné-Ferchaud, 360 km de talus ont été arasés par le passé. Le chemin de la renaturation sera long.
 

Des crédits en baisse
Le Sénat a adopté, le 30 janvier, en première lecture, la proposition de loi de Daniel Salmon (35) pour préserver les haies. Ambitieux, le texte fixe un objectif de 50 000 km de gain net d’ici à 2030. Pour développer la filière bois énergie, les sénateurs ont introduit la hausse progressive de l’approvisionnement des chaufferies collectives en bois issus de haies gérées durablement. Problème, le crédit d’impôt aux entreprises agricoles vertueuses, prévu initialement par ce texte, a été supprimé. Et le budget dédié au Pacte en faveur de la haie a fondu en deux ans de moins 46 %.

 

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°434 - MAI 2025
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