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Maires de France
Pratique
31/07/2025 JUILLET AOUT 2025 - n°436
Équipement Transports, mobilité, voirie

Développer le stationnement intelligent

L'heure est à la gestion et au paiement numérique adossés à l'intelligence artificielle.

Par Bénédicte Rallu
© AdobeStock
La France compterait 70 millions de places gratuites sur voirie, selon une étude de 2023 réalisée par la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT). Plus d’1,4 million de places seraient payantes (582 302 sur voirie, 840 153 places de stationnement en ouvrage, c’est-à-dire dans des parkings), selon une étude de Xerfi de 2024. «La part occupée par le stationnement sur les espaces publics est d’environ 8 à 10 % pour les villes-centres des métropoles, 6 % pour les villes périurbaines et entre 4 et 5 % pour les petites et moyennes villes », estime, pour sa part, le Cerema.

Les outils numériques ont révolutionné la gestion du stationnement à l’échelle municipale ou intercommunale. Le stationnement dit intelligent s’inscrit dans le développement de la smart city ou ville intelligente qui vise à améliorer la qualité de vie des habitants en l’adaptant et en la rendant plus efficace grâce aux technologies numériques et aux objets connectés. En concourant également à améliorer la rotation des véhicules.  

Sur le marché français coexistent des acteurs privés, publics ou semi-publics. Le chiffre d’affaires total du secteur varierait entre 1,3 Md€, selon la Fédération nationale des métiers du stationnement (FNMS) et à environ 1,7 Md€, selon Xerfi. Le secteur public gérerait «au moins un tiers » du parc de stationnement.

Les municipalités peuvent gérer en régie, via des entreprises publiques locales (SEM, SPL), ou déléguer à des opérateurs privés. «L’exploitation de parcs de stationnement demeure très concentrée, selon Xerfi. Les quatre leaders (Indigo, Effia, Q-Park et ADP) gèrent plus de trois quarts des places de stationnement (sur voirie ou en parcs fermés) confiées aux acteurs privés en France. Ils sont en concurrence avec d’autres acteurs privés (SAGS, Interparking...) ainsi qu’avec des sociétés d’économie mixte (Lyon Parc Auto, SAEMES, SEMEPA...) au rayon d’action local. »

Le stationnement intelligent (smart parking ou parking connecté) aide à la localisation de places disponibles via un guidage dynamique et permet éventuellement la réservation. Les horodateurs «intelligents » acceptent plusieurs solutions de paiement (pièces, billets, carte avec contact, sans contact, NFC, porte-monnaie électronique, par application smartphone). Les applications de paiement en ligne pour le stationnement se sont multipliées (PayByPhone, EasyPark qui a racheté un de ses concurrents Flowbird, Prestopark, Indigo Neo…).
 

Horodateurs multi-services

Les horodateurs se sont transformés en kiosques multi-services. Les «intelligents » sont capables de gérer plusieurs types de stationnement (paiement du ticket horaire, abonnement à courte et longue durée, application d’un temps gratuit de stationnement…) grâce au numéro d’immatriculation que l’usager entre sur la machine. Celle-ci, connectée à une plateforme de données, peut ainsi appliquer le tarif accordé au véhicule. Le numéro de plaque d’immatriculation permettant d’identifier la marque et le modèle de véhicule, Bordeaux (33) s’en sert par exemple pour appliquer une tarification «environnementale » (un tarif plus élevé) aux véhicules de plus de 1,6 tonne à vide.

Certaines bornes permettent de payer le forfait post-stationnement (FPS, pour stationnement non payé ou insuffisamment payé), les titres de transports, les coupons commerçants. Orléans (45) a, par exemple, mis en place depuis 2024 des horodateurs qui enregistrent le stationnement après paiement par l’usager. Celui-ci n’a plus besoin de retourner à son véhicule mettre un ticket sur son tableau de bord. Les agents de surveillance de la voie publique n’ont qu’à scanner la plaque d’immatriculation pour vérifier le paiement et l’heure de fin du stationnement.
 

Données et interopérabilité

Le contrôle s’opère via la lecture automatique de plaque minéralogique (« ces dispositifs de gestion et de suivi du stationnement sont toutefois soumis au règlement général de protection des données (RGPD) », rappelle la CNIL sur son site), des capteurs et des caméras.

Outre les solutions privées, la FNMS propose une interface ouverte pour que les acteurs de la chaîne de gestion du stationnement puissent «interagir avec un serveur de FPS ». Le gestionnaire ou l’exploitant ont accès à une multitude de données, les matériels étant reliés informatiquement.

« Les collectivités bénéficient d’outils de pilotage de l’usage du stationnement à un moment donné, sur une zone donnée, pour des usages donnés … Le digital facilite l’élaboration des enquêtes et études qui permettent d’optimiser la politique du stationnement », précise la FNMS. À noter que les bornes utilisent plusieurs modes de communication (GPRS, 3G, 4G). Encore faut-il que ces réseaux soient accessibles. Les horodateurs les plus avancés techniquement autorisent la configuration d’un parc à distance.

Qui plus est, le passage à l’électrique des véhicules, les places réservées aux personnes à mobilité réduite, le développement des divers modes de transports (deux-roues eux-mêmes fort diversifiés, autopartage, covoiturage…) obligent les communes à proposer une offre de stationnement différenciée. La dimension électrique avec possibilité de recharge pendant le temps de stationnement, à partir d’énergies renouvelables éventuellement, s’impose. Certains horodateurs ont leur propre panneau photovoltaïque.

L’intelligence artificielle ouvre, elle, des perspectives (prédictions de trafic). Les experts restent cependant circonspects sur son utilisation à court terme dans les modèles multimodaux (avec utilisation de plusieurs modes de transports) qui manquent encore de données sur les divers types de transports.  

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°436 - JUILLET AOUT 2025
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