Tempête-submersion. La Rochelle organise un test XXL
La communauté d'agglomération (185 015 habitants, Charente-Maritime) et l'État ont coordonné, les 9 et 10 avril, un exercice d'entraînement à la gestion d'une crise météorologique à l'échelle des 28 communes.

Les équipes du centre communal d’action sociale l’accueillent comme les précédents «faux » sinistrés, dont environ 40 gens du voyage qu’il a fallu évacuer de l’aire d’accueil, inondée. Les responsables sont rassurés : le nombre de lits de camps installés au fond de la salle, dédiée en temps ordinaire à des activités récréatives, a été suffisant, comme celui des kits hygiène, sacs de couchage et couvertures de survie. «On s’en sort bien, hormis des problèmes de connexion internet », glisse une responsable.
Nous sommes au deuxième et dernier jour de l’exercice «Éole 2025 » d’entraînement à la gestion de crise météorologique (vents violents, fortes pluies avec un risque de submersion), organisé les 9 et 10 avril derniers dans les 28 communes de la communauté d’agglomération (CA) de La Rochelle et piloté par la préfecture de Charente-Maritime et la CA. À 6 km d’Aytré, c’est l’effervescence dans la salle d’animation de cet exercice, installée à la préfecture. Des «animateurs » enchaînent les appels. Chacun a sous les yeux son chronogramme. Autrement dit, le déroulé des évènements qu’il doit «injecter », heure par heure, auprès d’une ou plusieurs communes de l’agglomération : un Ehpad à évacuer, des infiltrations d’eau dans une école, un médecin bloqué pour sa tournée, l’aire d’accueil des gens du voyage entourée d’eau…
Faut-il évacuer ? Comment ? Les textes sont écrits comme dans un script, avec des indications scéniques : «personne angoissée », «touriste ne parlant pas bien le français »… Au total, 1 000 incidents auront été ainsi répercutés dans les 28 communes de l’agglomération.
Retour d’expérience
Un étage au-dessus, dans la «vraie » salle du centre opérationnel départemental, policiers, pompiers, gendarmes, agents de la préfecture et de la CA, chacun à leur poste, gèrent les remontées d’informations (appels des communes, actions engagées…). L’enjeu est de «tester la réactivité et la solidarité entre les communes, toutes dotées d’un plan communal de sauvegarde » (PCS) pour, ensuite, «identifier les points d’amélioration », explique la préfecture.
Retour à Aytré, il est 11h15, le 10 avril, et l’exercice est bientôt terminé. Le maire, Tony Loisel (lire ci-dessous) descend de son PC de crise pour rejoindre toutes les «cellules » (hébergement, ravitaillement, ressources, accueil, communication…) réunies dans la salle du conseil municipal, avec des bénévoles de la Croix-Rouge. C’est l’heure du «retex » (retour d’expérience) pour chaque commune. Hormis le gros bug affectant le serveur, les téléphones et messageries, le tour de table révèle davantage de «petites choses » à améliorer.
Le maire tient à préserver la cellule de crise «car c’est important de pouvoir prendre des décisions à froid et non dans le feu de l’action ». «L’évacuation de l’aire d’accueil des gens du voyage s’est bien passée, mais on doit faire la liste des personnes capables de conduire des minibus pour ce type de transports », explique un agent.
La signalétique pour guider les sinistrés de la mairie au centre d’hébergement a fait défaut. «Les sinistrés ont aussi besoin qu’on leur accorde davantage de temps d’écoute et qu’on les tienne informés », glisse un agent. «On doit mieux vérifier les informations avant de les diffuser, comme celle reçue et relative à une pollution de l’eau, sinon on risque de créer une crise dans la crise », évoque un autre. La panne informatique, qui a provoqué «des problèmes réels et en cascade », a permis de noter qu’il faudra désormais toujours prévoir «radios et piles », au cas où, et un système alternatif de saisie des données «pour ne perdre aucune information ».

Tony Loisel, maire d’Aytré
(9 760 habitants, 17)
« Se préparer est essentiel »
Oui, c’est la force de l’habitude qui nous renforce. Une nouvelle équipe municipale arrivera en mars 2026, il faudrait donc prévoir un autre exercice avant l’hiver 2026, selon moi. J’avais participé à celui organisé en 2019, juste avant les élections, à titre bénévole car je me présentais à la mairie et je trouvais normal d’y assister. Nos agents ont l’expérience mais c’est le maire qui doit assurer et coordonner. Il faut doser l’effort, graduer le risque, trancher, garder son sang-froid. Ce n’est pas évident. Se préparer est essentiel.
L’exercice permet de gagner en efficacité, de gagner du temps. Aujourd’hui, nous avons des systèmes d’alerte très performants, nous sommes au courant d’une tempête, d’un coup de vent. Ce que je crains davantage, c’est un tremblement de terre suivi d’un tsunami. Une pollution, on s’enferme, la vague submersion on le sait trois jours avant. Le risque sismique, c’est un risque de danger immédiat avec des bâtiments qui s’effondrent, nos enfants dans les écoles. Or, ce risque est quasi imprévisible.
La pluviométrie via les canaux dans la campagne, mais aussi les risques sismiques, la pollution avec une grosse usine (Alstom) et des entreprises en zone de mer. Tout [mesures de prévention, organisation des secours…] est dans le plan communal de sauvegarde (PCS). Si c’est trop grave, la préfecture assure la gestion d’urgence et nous sommes surtout le bras exécutant. Comme cela a été récemment le cas avec l’incendie d’un immeuble. La préfecture a tenu le poste communal de commandement (PCC) et nous a demandé de mettre en place une cellule d’accueil pour les habitants des appartements sinistrés.
Raccourci : mairesdefrance.com/28584
Cet article a été publié dans l'édition :
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